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Solar Ranks
12 janvier 2010

(Audeline Jonkmann)

 

Mars  -  Centre Hospitalier de Schkoklan.

 Son compagnon de hasard, le cadre infirmier, avait fait pénétrer Hornak au sein du centre de Schkoklan en écourtant au minimum le passage par les entrées administratives. Les occupants des étages inférieurs de l’édifice étaient pour l’heure frappés d’ahurissement par l’éboulement des galeries d’accès principales. Une des secrétaires des « accueils patients » tenta malgré tout d’enregistrer en bonne et due forme ce monsieur Chimp tout poussiéreux. L’infirmier s’était interposé entre la préposée aux entrées et Hornak.

 « Écoutes ma jolie caille, si tu as besoin de son Id, tu n’as qu’à sortir demander au poste de contrôle des gouvernementaux. Je suis sûr et certain qu’ils ont soigneusement noté tout ça… »

 Il engagea Horn à continuer d’avancer d’une amicale poussée sur l’épaule.

 « Venez, les douches du personnel sont par là. – Je reviens m’occuper de tout ça dans une demi heure. » - Lança t’il par-dessus son épaule avant de suivre Horn dans le couloir.

 Ils ressortirent des douches avec un sentiment de plénitude rarement atteint. Le détective Chimp sortit avec précaution un change propre de son sac et s’en revêtit. L’infirmier, en tenue hospitalière, monta avec lui dans les étages. Il trouva Ser Jonkmann aux cuisines – (« comme de bien entendu ! » - songea t’il.) – à qui il confia son camarade, avec le soin de lui trouver une bonne place dans ce havre de paix que n’était plus vraiment Schkoklan.

 La Chambellan honoraire aux Appartements Hospitaliers du moment considérait Hornak un peu comme on évalue la valeur d’une bête de foire. « Ainsi donc, voilà comment c’est fichu : un héro velu… » - Pensait-elle, amusée, en lui faisant signe de la suivre dans les corridors.

 « Désirez-vous être logé auprès de quelqu’un en particulier, Sir Hornak ? » - S’informa t’elle.

 « Non. J’arrive en retard - C’était le dernier tramway… » - Soupira le Chimp.

 Audeline ne put retenir un éclat de rire – « J’ai été mise au courant…On peut dire que vous avez fait une entrée fracassante ! » - Audeline pouffait tout en en marchant.

 « Vous êtes du personnel ? » - Voulut s’assurer Hornak.

 « Point du tout mon gentilsinge, patiente je suis : chaîne et boulet…. Ou du moins : sujet de soins et d’attentions, tout comme vous. » - Continua t’elle – « Nous y voilà ! Je vous présente votre royaume, Sire Hornak. ». Elle le précéda dans son deux pièces/cuisine, lui indiqua les lieux et sortit de sa poche sa fidèle boule Flex – « C’est plaisante chose que de serrer la main à un mâle aussi explosif que vous. » – ajouta t’elle en tendant sa dextre – « Essayez de ne pas transformer trop vite tout le niveau 8 en un amas de débris. Humm ? ». Dès que les données eurent transité, Ser Jonkmann, la frange sur ses yeux bleus, le salua à la militaire d’une façon tout à fait invraisemblable et le planta là avec son sac en refermant la porte derrière elle.

 « Donnerweter ! Y’en a vraiment qui ne savent plus quoi inventer pour se faire remarquer. » -Pensa Audeline avant d’éclater à nouveau d’un rire inextinguible. Les résidents et personnels qui la croisaient lui lançaient des regards envieux, mais pas étonnés – ils avaient l’habitude. Troublée par cette installation inopinée qui l’avait interrompu dans sa dégustation de sablés à la pâte brisée, Ser Audeline Jonkmann décida d’avoir à monter chez La directrice Kunti, pour s’enquérir auprès d’elle de ce qu’une Bufflesse d’Asie martienne pouvait bien penser de ces explosions qui venaient de frapper au vif la quiétude du Centre spécialisé de Schkoklan.

 Elle s’assit sur une des banquettes tendues de velours qui jalonnaient le long couloir d’accès aux bureaux de la direction, et observa avec calme la suite du spectacle de la vie hospitalière.

 ………….dix minutes plus tard………………

 Ser Kunti ouvrit la porte de son bureau personnel, son paquet de cigarettes à la main. Avisant Audeline au loin, elle vint vers elle en tapotant une clope sur le dos de sa main.

 « Vous avez toujours du feu, Ser Jonkmann. » - Affirma t-elle en se penchant, tandis que l’autre cherchait dans ses poches en rejetant sa cape derrière le dossier de la banquette.

 « Depuis que j’ai remarqué que vous vous livriez à cet antique vice, j’ai toujours un briquet sur moi, Ser. Je crois que si vous étiez cracheuse de feu impénitente, je garderais toujours un extincteur en bandoulière. » - Répondit Audeline en battant son briquet à l’amadou en acier.

 La Directrice souffla sa première bouffée vers le plafond avec une moue satisfaite.

 « Vous ai-je déjà parlé des circonstances dans lesquelles j’ai commencé à fumer ? » - Dit-elle en s’asseyant près de Ser Jonkmann. Elle se pencha et refit le pli de son pantalon de tailleur.

 « Je ne crois pas. » - Fit sa voisine aux formes rebondies en remballant son feu.

 « Et bien, c’est avant ma première délivrance que j’ai éprouvé soudain l’envie d’une cigarette. Un des obstétriciens du service fumait. Il m’en offert une et j’ai trouvé ça épatant. ». Elle tira une seconde bouffée. Son front se ridait et se détendait au rythme de ses exhalaisons.

 « Vous avez accouché deux fois, chère Audeline, n’est-ce pas ? » - Demanda la brune Mohanda à sa voisine. Audeline se pencha sur le côté et fit signe qu’elle voudrait volontiers une cigarette, elle aussi. « Oui. Deux fois. » - Répondit-elle, tandis que Ser Kunti faisait sortir une cibiche de son paquet presque plein. La Ranke aux cheveux châtains s’en saisit et ralluma son briquet. « Mais jamais pour moi. Comme vous le savez, madame. » - Ajouta t’elle avant de coller sa clope à l’amadou rougeoyant. Le spectacle qu’elles offraient, à souffler ainsi des volutes de poisons dans l’atmosphère contrôlée de ces lieux, constituait une offense aux saines narines et aux poumons immaculés de tous les utilisateurs de ce couloir transdirectorial.

 « Vous voyez, Ser Jonkmann : ils n’osent rien dire… » - Commenta benoîtement Ser Kunti après le passage de trois jeunes internes aux visages exagérément neutres.

 « C’est parce que nous sommes des femmes fortes, madame la Directrice ! » - Jubilait Audeline en aspirant sur sa tige. La Directrice se tourna de biais vers elle, clope à la main.

 « Des femmes fortes qui sacrifient 18 mois de leur vie de jeune femme à porter les enfants d’autres femmes ? C’est ce que vous pensez…n’est-ce pas Audeline ? » - Ser Kunti sortit de sa veste son cendrier de poche, l’ouvrit et le posa au sol devant elle.

 « Ce n’est sans doute qu’une pensée immature de jeune donzelle attardée – j’en conviens - mais oui, effectivement. Je trouvais cela nécessaire et juste à l’époque, et je n’ai pas varié dans mon appréciation. » - Décréta la Chambellan – « Si l’on veut espérer pouvoir disposer d’un ventre pour porter ses enfants le jour où notre matrice ne sera plus en état de le supporter, il est nécessaire que des ventres jeunes et encore souples remplissent leur office. »

 « Leur office ?...Vous parlez comme dans une église, Ser Jonkmann…comme si la fatalité et le devoir étaient des réalités tangibles. Alors que ce ne sont souvent, après tout, que des élaborations. Évanescentes et fuyantes devant nos âmes affamées de certitudes. Même si je sais que vous placez plus volontiers la faim et aussi la certitude du côté de l’estomac, ma chère émule.» - Ser Kunti écrasa sa cigarette en riant doucement.

 « Et ces explosions en sous-sol, alors ? » - fit la petite femme potelée avant de faire de même. Le visage de la Directrice du Centre redevint sérieux avant qu’elle ne réponde à Audeline.

 « Leur onde de choc est en train de gravir les étages du site. Elle n’a pas encore atteint de plein fouet cet étage élevé. Je me…dois, de rester ici pour l’y attendre. Nos médecins sont actuellement en train de calmer les esprits des résidents humains et du personnel, car au passage de l’onde, on entend des cris, des cris qui accusent. » - énonça t’elle posément.

 « Des cris qui accusent les Chimps ? » - Le ton de Jonkmann était exigeant, pressant.

 « Pas tous…mais la plupart. N’iriez-vous pas jeter un coup d’œil du côté de votre amie ?»

 Elle n’avait pas plus tôt fini cette phrase que la cape de la Ranke 3 du Terrier Ω – π  faseyait en direction des ascenseurs. La chambellan Jonkmann attrapa dans son dos les pans de l’habit d’une main nerveuse, et, maintenant les plis de la cape devant son ventre comme avec une toge romaine, la Luxembourgeoise se mit à courir dans le couloir, éperdue.

 

……………niveau 11…………..

 Zghirni digérait de son dîner, allongée sur son lit. Elle avait demandé une vraie natte mais les services de Schkoklan ne la lui avaient pas encore apporté. Elle alla ouvrir la porte et se retrouva nez à nez avec une Audeline déstabilisée comme elle ne l’avait pas encore vue.

 « Entres donc ! » - Fit-elle en s’écartant.

 « Tu es au courant pour les explosions et la cloture des accès souterrains ? » - Demanda son amie en entrant, toute essoufflée.

 « Oui. Ce n’est pas si dramatique. L’aire d’atterrissage et de décollage des navettes est encore là. Et je suppose que vos stocks de nourriture et d’eau sont à la hauteur de votre réputation. »

 Audeline Jonkmann secoua la tête d’un air agacé.- « Ne m’associes pas à cet endroit et aux gens qui y travaillent, Zghirn - pas aujourd’hui – Je viens d’installer Hornak au niveau 8, figures-toi - il y’avait de la place - et les étages inférieurs sont en plein délire anti Chimps alors qu’il vient juste de débouler à travers la poussière des explosions - Je m’en veux, je me suis vaguement payé sa tête - Je crois qu’il faut que tu ailles le chercher tout de suite. Je m’occupe de lui chercher une place à ce niveau-ci. Il est dans la mini suite n° 837.»

 Zghirni était déjà en train d’enfiler un gilet posé là. Elle ramassa son sac et rouvrit la porte.

 « T’en fais pas Audeline ! Si tu l’as moqué, c’est qu’il acceptait d’être moqué. C’est bon signe pour lui. Je reviens. » - La Chimpe disparut en refermant soigneusement les sas/portes. Audeline se laissa tomber sur le bord du lit. « Ach ! Quelle histoire ! » - Soupira t’elle. Ensuite de quoi, « Ser Chambellan » alluma la comm de ce couloir et appela les services de l’économat. Elle s’identifia et dit désirer louer pour elle-même, pour raisons de convenance personnelles, une petite suite locative à cet étage. Comme elle était connue comme le loup blanc dans tous les services de Schkoklan, on lui fit une fleur, et même un prix avantageux.

 ……Hall d’attente des ascenseurs du niveau 9……

 L’édifice troglodytique de Schkoklan n’était pas creusé dans un relief de type piton rocheux. D’ailleurs les formes montagneuses de ce type, pitons, aiguilles dressées, etcetera, n’existent quasiment nulle part sur la planète rouge  La topologie du site se coulait dans les profondeurs d’un immense plateau incliné, un horst de basculement. Les ascenseurs n’étaient donc pas disposés selon un schéma avec puit distributeur vertical, mais selon une structure en escalier.

 L’attente aux ascenseurs était un passage obligé de la vie sociale de Schkoklan. Dans les Ruches des Terriers ordinaires, les galeries commerçantes étaient un des lieux privilégiés de la grégarité des citoyens verts, pas ici. Faire ses courses au Centre hospitalier, prenait peu de temps, était expédié sans fioritures, et les vendeurs ou vendeuses, infirmiers ou aides-soignants, se contentaient de se tourner les pouces lorsque leur tour venait de s’y coller.

 Il y’avait toujours, à chaque nœud d’échanges et de transbordement de personnes, des espaces où s’asseoir, prendre une tasse de quelque chose (sans principes actifs psy), grignoter et bien sûr, jaser. Zghirni fut ainsi stoppée dans sa course vers le niveau 8 par une foule d’une centaine d’individus qui piétinaient en attendant les plateaux  pour les autres niveaux.

 « Il parait que ce sont des velus des niveaux 5 et 6 qui ont fait ça avec l’aide de certains Chimps du personnel ! » - Pérorait une femme entre deux âges, une patiente apparemment.

 « Allons donc ! Pourquoi feraient-ils une chose aussi absurde ? » - Demanda un infirmier.

 « Pour venir en aide aux mutins dans les Terriers, bien sûr ! » - S’entêtait la femme en élevant la voix. Zghirni se rapprocha prudemment d’un mur du couloir et s’y adossa, debout, une haute plante en pot dissimulant un peu sa présence – « On m’a dit qu’on a vu deux Chimps émerger du nuage de poussière, couverts de gravats ! Ils sont arrivés au Centre et ils y sont encore ! » - Disait à présent la déséquilibrée, les yeux exorbités.

 Une mince Chimpe aide-soignante joua des épaules pour se faufiler dans la foule vers la femme à la bavette trop bien pendue : « Les entrées ont admit un nouveau patient Amélio Chimp ce soir à 19 heures, l’autre personne était un membre du staff infirmier du Centre, madame - un humain ! Un glabre. » - Susurra t’elle.

 « Je ne suis pas venu sur Mars pour mourir coincé comme un rat dans un asile de fous ! » - Lança un homme dans la foule qui se promenait avec son baxter Biotech. Il marchait avec peine et s’assit sur un siège fixe le long du mur. – « Lorsque je suis parti de Terra, les Chimps y tiraient sur les humains… et sur cette planète ci, ça ne vaudra guère mieux dans quelques jours ! » - Annona t-il d’une voix rauque. Son infirmier de référence, un grand type brun à l’air doux, s’assit à côté de lui et entreprit de le calmer en lui parlant  Le blessé, ou le malade, se raidissait et semblait visiblement peu enclin à écouter qui que ce soit. Il écartait la main de l’infirmier loin de son corps. Le psychiatre de cette aile, alerté, passa en trombe devant Zghirni et s’avança résolument au centre du mælström. Ceux des patients qui le connaissaient lui firent un petit cercle de protection. La femme du début l’interpella avec virulence.

 « Je suis une citoyenne verte, moi ! J’ai droit à des égards ! Rétablissez immédiatement les accès aux réseaux du Voile planétaire ! J’exige de savoir ce qui se passe - Je suis guérie ! Le Docteur l’a dit… je ne fais que jouer les prolongations à cause de raisons qu’on me cache ! »

 Ce fut la phrase qui joua le rôle des crins de chevaux dans le lac Ladoga. La fusion du bloc des soignés glabres ne prit qu’un instant. Les membres du personnel, eux, mus par l’instinct de conservation plus que par une action réfléchie, se regroupèrent par paires ou par trios.

 « Un moment ! Un moment ! » – Tonna la voix du médecin Psy – « Il est prévu de rétablir ce soir les accès de télécommunication avec l’extérieur de Schkoklan. Il est bientôt 20 heures 30, soyez attentifs : Vers 22 heures, les liaisons disponibles à l’échelle planétaire seront à nouveau à votre disposition. Vous pourrez consulter et appeler l’extérieur. Sachez toutefois que certains lieux de Mars sont pour le moment difficile à joindre.»

 « Pas étonnant, si les Singes de tout Mars, ces sales ingrats, font sauter nos infrastructures ! » - Cria quelqu’un dans la foule. Zghirni avisa la porte d’un ascenseur de petite contenance qui s’allumait. Sans perdre un instant de plus en ces lieux, elle se glissa le long des murs en tâchant de garder une contenance calme, ouvrit les portes et entra, solitaire, dans la cabine.

 « Eek ! Cabine là ! – pas descendre – Monter seulement ! » - De temps à autre, la Chimpe des îles indonésiennes s’autorisait à revenir à la langue simiesque. L’accès aux derniers étages, ceux de la Direction, était protégé par des Codes en α-Crypt. Audeline Jonkmann les lui avait confiés, avec l’aval du Docteur Kunti. Sans hésiter, elle tapa la séquence et enfonça d’un doigt le bouton d’étage. « Zghirn – Pas se déballonner - comme vessie de cochon trouée ! ».

 …niveau 8..…3ème étage…..derrière le bureau de soins infirmiers….. (Coin détente)….

 « Je t’assure Tomash, c’est un vrai bordel à ce niveau. » - Disait l’infirmière Chimpe.

 « Tu ne sors plus effectuer de soins ?! » - Demanda le cadre du niveau 10.

 « J’ai arrêté hier. »

 « Tu t’es faite insultée, injuriée ? »

 « Non : pire - Ça c’est passé de paroles – Je venais faire des prélèvements après le déjeuner. Le premier patient m’a collé une main entre les cuisses et s’est mis à rigoler stupidement en constatant que j’avais bien une culotte – Bon…- Dans la chambre suivante, une femme frissonnait tellement de dégoût pendant que j’effectuais sa prise de sang que je m’y suis reprise à six fois. Une fois que mon tube fut rempli, devant ses deux gosses, elle se saisit d’une touffe de mes poils de coude, qu’elle pinça et tordit violemment entre ses doigts en me signifiant - sans me regarder, par gestes ! - de ressortir vivement, et sur le champ, de la pièce - J’ai arrêté ! Je reste au bureau infirmier à remplir des boîtes et à taper les rapports.»

 « Des verts ? »

 « Des foutus terriens ! » - Cracha l’infirmière Chimpe. – « Qu’ils se démerdent entre eux ! »

 « Et entre patients glabres et patients velus ? »

 « Bah !... Tu connais la solidarité passive par la victimisation…ils s’évitent, ils s’épient, mais ils ne se frittent pas trop entre eux. »

 « L’ennemi : c’est l’autre. » - Fit Tomash avec sa longue mine qui arborait un faux air désolé.

 « Donc : nous ! » - Approuva la Chimpe qui souriait enfin un peu.

 « Eh oui !... Le dénommé Hornak est dans quelle mini suite, dis-moi ?»

 « La 837. Pourquoi ? »

 « Je vais l’évacuer. Il a été reconnu à son arrivée par des rescapés du « Strong ». La rumeur qui tourne : comme quoi des patients Chimps hospitalisés auraient trempé dans la destruction des tunnels, est partie de là. Il ne peut pas rester en aile collective mixte. Je l’évacue ! »

 « Et si c’était vrai ? »

 « J’étais avec lui avant et pendant les faits. Sans son sang-froid, j’aurais d’ailleurs sûrement renoncé à traverser jusqu’ici. Il n’a rien à y voir….et je lui dois un coup de main. »

 La Chimpe le regarda avec attention – « Bon Okay, je vais t’accompagner. Je ne rentre plus en chambres, je peux tout de même encore emprunter les couloirs… » - Elle se leva.

 …………mini Suite 837……………….

 Horn avait eu droit à un plateau repas individuel, le souper était passé. Il écoutait une pièce musicale du XXème siècle : P 47  Thunderbolt, un truc bizarre qu’il adorait : atypique dans l’œuvre d’un type atypique et très typique du genre de gars qu’était ce type : Anton Dvorak.

 « Ça me nettoie les oreilles des beuglements racoleurs et des paroles de fausse révolte gluantes de « Miss » Martian Veld. » - Songeait-il lorsque le signal de la porte buzza. Il alla ouvrir en coupant la musique du compositeur tchèque sur ses mémos audio internes.

 « Tomash ! Le Salut - Entrez ! C’est gentil de venir voir si je suis bien installé.»

 Se grattant le crâne, l’infirmier lui expliqua qu’il ne s’agissait pas vraiment de cela….

 ……………………..

 C’est en débouchant sur le dernier corridor, qui menait du niveau 8 aux ascenseurs, qu’ils croisèrent les trois furieux. Un des hommes tenait un extincteur qu’il avait du décrocher de son alvéole. Un type aux cheveux gris, mince et athlétique, aux allures d’ancien militaire, l’accompagnait, ainsi qu’un gros plein de soupe asiatique, enrobé de graisse, à la silhouette en forme de poire, visiblement adepte du Sumo martien. Hornak avait l’impression de l’avoir aperçu  monter dans une chaloupe de la Flottille pendant l’évacuation du « Strong Maru ».

 « On sait qui tu es ! Pendant que vous vous gobergiez dans votre satanée Roue, certains Chimps nous ont parlé de toi. Ils nous ont dit que tu n’es pas ingénieur en fluides mais détective militaire au service des Chimps de Terra. Détective…tu parles ! T’es une saleté d’agent infiltré, oui ! Un espion, un agent double, saboteur. Tu n’es sur Mars que pour nuire.»

 Le Major Hornak, si élégamment « démasqué », se tourna vers son pote infirmier : « Vous m’avez bien dit que personne n’est autorisé à porter des armes dans ce centre, Tomash ? » - Les deux infirmiers hochèrent la tête, l’humain et la Chimpe. Le gars qui avait prit un extincteur, se rua en avant et tenta d’en asséner un coup à Horn. Ce dernier attendit que le mouvement soit engagé et dévia la bonbonne de mousse carbonique lorsqu’elle fut à 15 cm de son torse. Déséquilibré, l’homme lui présenta alors, brièvement, un magnifique trois quart droit de sa face sur lequel le poing gauche du Chimp décocha un splendide crochet au menton. Le type alla finir sa route en donnant de la tête contre la paroi du couloir et tomba. Tomash dégagea du pied l’extincteur loin derrière eux.

 Les deux autres types s’avancèrent. L’un d’eux avait enroulé une blouse autour de son avant-bras, dont il se servait en parade faciale, le corps fléchi, comme pour approcher un chien.

 « Eh ben quoi, papi ! Tu me prends pour un doberman ? » - Demanda Hornak en se portant d’un saut en latéral vers le second type, le gros, qui recula.

 « Les Chimps mordent ! » - Fit l’autre.

 « Les Chimps Amélios mordent quand ils se sentent en danger de mort, papi…je ne me sens pas en danger de mort. Vous m’emmerdez, c’est certain - Ça s’arrête là - Pas besoin de mes crocs pour vous solder votre compte. » - En disant cette dernière phrase, Horn fit un bond et se laissa glisser sur le sol de dallages cirés, pattes arrières en avant. Ses tarses se refermèrent sur les chevilles de « papi » et il les tira vers lui. Comme prévu le gars préféra se laisser choir sur lui plutôt que de tomber à la renverse en arrière. En un clin d’œil, Horn le retourna, immobilisa ses bras avec ses pattes arrière et, à califourchon, distribua de grandes baffes de ses lourdes pattes de singe. Le troisième mec, s’approcha pesamment de leur étreinte pugilistique et s’efforça de saisir le Chimp par derrière. Hornak s’appliquait à ne frapper le visage en dessous de lui qu’avec les paumes. Les gnons qu’il balança par-dessus son épaule sans même se retourner, eux, en revanche, le furent avec deux gestes secs du dos de ses poings fermés. L’allonge des bras d’un singe est surprenante. D’un ultime crochet du droit, il mit l’allongé Knock-out, et d’une roulade, se remit sur ses pattes. Le dernier challenger se tenait le nez dans les mains qui pissait le sang. Il s’enfuit en rasant les murs vers les couloirs du niveau huit. Le type contre la paroi se tenait le crâne à deux mains en gémissant, Horn le redressa, assis, dos contre le mur. Tomash jeta un bref regard à ses yeux en écartant très professionnellement les paupières avec son pouce, et déclara : « Pas de trauma, il simule ! »

 Hornak releva le quidam qui se protégeait maintenant le visage de ses bras croisés. Il effectua deux cabrioles au ras de sa face sous la forme de deux sauts périlleux enchaînés qui arrachèrent des cris de frayeur à « papi ». Dégarnissant ses babines, Horn lui montra ensuite ses crocs et se battit le torse des deux poings en éructant un cri digne d’un Tarzan de série B. Le type courrait déjà vers les lointains de la coursive en jetant des regards terrifiés derrière lui.

 L’infirmière Chimpe applaudissait dans le dos de Horn, bientôt suivie de Tomash. Ils se dirigèrent tous trois vers les cabines des ascenseurs et montèrent de trois niveaux, jusqu’au 11.

 

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  • Texte de science-fiction/anticipation. Les siècles prochains l'humanité sera t'elle moins stupide que pendant ceux qui ont précédé ? Quelques parcours humains, animaux et végétaux en 700 pages.
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