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Solar Ranks
7 janvier 2010

(l'enterrement)

 

Préfecture chinoise de Pingliang – Région du Gansu – mi-Août. 2151

 

6 H 30 - Aire de la Station Pylône de dirigeables GP – 17.

 Suong Nguyen admirait à nouveau le paysage, étonnant de minéralité. Ils venaient de le survoler dans la nacelle du dirigeable rapide. Ici, en altitude, à la croisée du Tibet, du grand désert de Gobi et du massif du Gansu, le végétal brillait…par sa quasi absence. Pour une jeune femme plus habituée au Vietnam et à l’Europe centrale en tous cas. Ses Implants, ajustés avec soin, faisaient affluer une masse de données ininterrompues sur l’environnement qu’elle buvait avidement. Ses parents, Kim et Pham, assis à l’avant, faisaient des mines en saluant le trio qui venait de descendre de l’autocar. Le véhicule s’ébranla et le sommet, avec son aire d’amarrage et sa petite gare routière disparut bientôt derrière eux.

 La jeune femme espérait pouvoir bientôt suivre un entraînement spécial de watcheuse. En matière d’Implants, les années de l’âge adulte  étaient une période de choix. On ne pouvait pas être doté de tous les Implants. Choix crucial, même si on avait le recours de possibles changements ultérieurs. Un Implant n’est pas un gant de toilette, surtout un implant profond. La récolte de données était pour Suong comme un univers à part entière, qui n’attendait  que sa venue pour lui ouvrir les portes du monde. Ce qu’elle ferait de ces capacités spécifiques, elle ne l’avait pas encore décidé. On pouvait se livrer à une foultitude d’activités avec des talents de ce genre. Depuis l’agir artistique, comme sa mère, jusqu’à la contemplation, en passant par…Elle ferma les yeux. Suong Nguyen n’aurait su énumérer, ni les possibles, ni les désirs. Il y’en avait trop.

 Derrière eux, Trajan, son frère Nam et Magda se mirent à courir avec application. Sur le bord de la route courrait une piste sur laquelle ils s’engagèrent. Leurs sacs à dos parfaitement ajustés ne battaient pas leurs dos, ni leurs reins. L’air d’altitude était vif.

 Ils avaient finalement repoussé la proposition des Nguyen de prendre l’autocar pour la vallée et Nam avait demandé à les accompagner. Le dirigeable qui les avait amenés, avait déposé sa cargaison de passagers sur un sommet mamelonnaire de 1500 mètres de haut, non loin de Pingliang au sud du massif du Gansu. Ils n’étaient pas en retard et ne ressentaient pas le besoin de passer l’entièreté de la journée en ville, à 40 kilomètres de là. La mise en terre ne commencerait qu’en début de soirée et leurs bagages étaient dans les soutes de l’autocar. Nam courrait au milieu, un peu en retrait du couple. Dans la pente, leurs foulées trouvèrent le bon rythme après une dizaine de minutes.

  Magda proposa un cycle de course et de marche, Nam approuva en hochant la tête. Les flancs de la montagne étaient parsemés de végétation rase de la couleur du sol, ocre et grise. Les quelques yacks rencontrés broutaient l’herbe sèche et rare. Au bout de 2 kilomètres de course, Trajan, qui avait juste passé un braç-scan à son poignet annonça en anglais qu’il y’avait une halte avec une auberge, 9 kilomètres plus loin en contrebas. Ils marchèrent huit minutes, puis reprirent leur course.

 « Ça ressemble à ça Mars, Trajan ? » demanda Magda en désignant les monts alentours, histoire de meubler un peu.

 « Non – Fit le watcher -  ici il y’a des strates. Là-bas, ça fonctionne plutôt en accrétions.»

 Nam les dépassa en trombe en longues foulées, leur donnant rendez-vous à la halte. Les deux Amélios le laissèrent filer, puis, fourbus, cherchèrent un endroit où s’arrêter un peu.

 « Il veut y’aller, non ? » Demanda Magda.

 Trajan opina en croquant son fruit : « On dirait bien… »

 

En bas dans la vallée. Ville de Pingliang – préfecture de Pingliang.

 Shaarka et Sean déambulaient le long de la promenade couverte, sous les treilles couvertes de vigne. Le néo-zélandais roux à la mine pâle, (il venait de faire une vacation spatiale de 3 mois et n’aimait pas les UV artificiels), détonnait un peu dans les allées parcourues nonchalamment par tant d’asiatiques tannés par le soleil. Quoique l’inhumation ici de leur ancien patron ait sans doute amené dans cette ville un peu perdue plus d’étrangers lointains qu’elle n’en avait vu depuis la haute époque de la route de la soie.

 « J’étais resté sur cette idée que Xu était vraiment un Hakka. Je l’imaginais plutôt issu d’une famille de commerçants portuaires ventripotents… » Dit Sean, comme songeant à haute voix.

 « Je savais que ses origines Hakkas étaient du flan. De toute façons, il est né bien loin d’ici. »

 « Oui. Vous savez s’il venait ici de temps à autre au moins ? »

 « Vous n’êtes pas un bavard Mac Lyam, hein ? »

 « Lorsque j’étais jeune, j’étais très bavard. Ça m’a passé. »

 Ils marchèrent encore un peu. Jusqu’à ce que Sean se tourne à demi.

 « …mais n’y voyez là aucune réprobation envers l’existence. » Assura t’il avant de repartir de son pas élastique.

 Des anciens se livraient à des parties d’échecs sous les acacias. Shaarka se sentait bien. Que la lointaine famille de Xu fut originaire de cette région lui paraissait tout à fait logique au fond.

 « Vous êtes heureux d’avoir cessé vos activités d’espion et de flic dissident, je vois… » Dit-elle à Sean, plus comme un constat que comme une question.

 « Vous savez Ser…Je me demande surtout comment faire. » L’arrêta t’il en lui posant la main sur un bras.

 Shaarka rétorqua aussitôt, en tripotant sa natte.

 « Pour ? »

 « Vivre. »

 Faisant virevolter sa natte de l’autre coté d’une brève torsion de la nuque, Shaarka glissa un bras sous le sien et lui tapota l’avant-bras de l’autre main.

 « Ça m’a fait ça aussi… » - Fit-elle, en l’entraînant - « Vers mon 110ème anniversaire. »

 « Et ? Les Psys vous ont-ils été d’un quelconque secours, ou bien êtes-vous secrètement mystique sans que je m’en soies jamais aperçu ? » La taquina t’il.

 « Lorsque l’on approche des âges maximaux que pouvait, en cas de longévité exceptionnelle, atteindre l’être humain avant nous et l’Amélioration Prolongation, des bouleversements apparaissent.» - Dit-elle d’un ton de grand-mère patiente très bien imité - « L’esprit, formaté depuis des temps immémoriaux se retrouve face au terme normal qui lui est sensément fixé et des voix intérieures autant qu’extérieures lui disent : « Non, non, tu es reparti pour peut-être 70 ou 80 ans de vie si tout va bien…Go on ! »

 « Ouf…Je me serais mal remis d’avoir une patronne mystique ! » Gloussa le rouquin entre ses dents. Shaarka pesa sur son bras en se récriant faussement.

 « Sean ! Vous resterez toujours un abominable anglo-saxon pragmatique ! »

 Mac Lyam affecta un air gourmé très british.

 « On est ce qu’on est Mukherjee…Ah, mais ne sont-ce pas les Nguyen qui viennent par ici ? »

 La ville basse où ils flânaient, d’habitude carrefour d’échanges et marché local populeux, grouillait en ce jour d’hommes dont on devinait sans peine qu’ils avaient plus l’habitude d’arpenter les rues en uniforme qu’en costume civil. La venue de James Rivers, bien qu’il ne soit plus président de Northamérica depuis plus de dix ans et de Zdenka, rendait les chinois plutôt nerveux. Shaarka, ni aucun membre du motif ne s’en inquiétait plus que de raison. Il devait y’avoir au moins 25 agents à eux alentours aussi, beaucoup moins transparents. Sans compter les membres du Motif présents à titre d’invités.

 Les Nguyen, Suong en tête, se précipitèrent vers eux. Shaarka ne l’avait pas revue depuis son adolescence, la Ranke indienne eut un petit choc. Les yeux verts de la jeune femme, jadis petits et d’un éclat foncé, illuminaient à présent un large visage ouvert.

 « Nam n’est pas là ? » Demanda Sean.

 « Il est en train de descendre à pieds avec Trajan et Magda. » Répondit vivement Suong.

 « Oh. Je ne savais pas qu’ils venaient. » Dit Shaarka.

 « Ah, ces Lysistrates ! Toujours sur le sentier, peu importe lequel. » Dit Sean. Suong lui jeta un regard stupéfait. Il lui fit un tout petit signe de la main en grimaçant pour montrer qu’il comprenait qu’il avait gaffé. Ce terrain là, avec le retour de Zdenka, était peut-être bien un peu glissant, voire miné. Ils allèrent ensemble flâner encore un peu vers le marché couvert.

 Au dessus du sol. A quelques dizaines de kilomètres de là.  A l’Est.

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Les deux gros hélicoptères volaient de conserve à basse altitude. Trois autres, armés, plus haut, sécurisaient l’espace aérien proche. Zdenka s’était approchée de la porte latérale et avait demandé à ce qu’on l’ouvre. Grâce à un attirail audio tout ce qu’il y’a de confortable dont le casque lui enserrait les oreilles, elle dialoguait avec entrain. La sensation du vent l’enivrait au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer. À une portée de flèche de là, un type en bras de chemise faisait de même derrière le grand hublot de l’autre aéronef : James Rivers – dit the fourth.

 « J’insiste ! » Criait l’américain.

 « D’accord, je veux bien. Je vous le promets. Mais un peu plus tard. Laissez-moi le temps d’arriver, monsieur le président. »

 Rivers maudit en pensée le général de ne pas avoir su mourir un peu avant, ou un peu après. Il s’obstinait à essayer d’inviter au plus vite Zdenka chez lui, dans le Wisconsin. Le temps que les ondes de choc de son arrivée se calment un peu. La situation était du genre « forte houle, creux de 7 mètres » en ce moment. Et son retour qui coïncidait avec leur présence conjointe aux obsèques de Xu en Chine... Il avait failli se décommander et puis les chinois l’avaient assuré que les obsèques sans être cachées ne feraient l’objet que d’un minimum de publicité.

 « Croyez-moi, mon enfant, ne vous laissez pas submerger. Ils vont tous vouloir vous avoir, tous ! Ce que je vous propose n’est ni plus ni moins qu’un havre où souffler un peu. Même communiquer vous sera difficile avec cette pression là. Je sais de quoi je parle.»

 « Je pourrais vous étonner, monsieur le président. »

 « Et puis, laissez tomber ces monsieur le président, nom d’un bœuf ! Appelez moi donc Rivers comme le faisait ce vieux démystificateur de Xu. ». Le chef de sa sécurité lui fit un signe en désignant leur pilote. « Vous voulez dire mystificateur… Rivers, je suppose ? » Demandait Zdenka dans ses écouteurs. L’ex-Président de Northamérica prit congé, au grand soulagement de son staff.

 « Par Zeus non, je sais encore ce que je dis ! » – S’exclama t-il enfin – « Du moins je crois. Je vous laisse… on se revoit à la cérémonie.»

 Les pilotes des deux engins se firent un bref salut et les hélicoptères lourds divergèrent pour aller se poser chacun sur un terrain différent autour de la ville qui approchait.  Le cerveau huilé de James Rivers passait en revue les éléments dont il disposait. Une fois l’hélicoptère posé il demanda qu’on sécurise juste l’appareil pour l’instant. Il prit une heure entière dans le minuscule bureau aménagé dans la queue à consulter ses data bases.

 L’ex Président prit quelques avis en comm cryptée. Plus il avançait dans ses investigations, plus il se persuadait à quel point, sans Xu comme mentor lors de ce retour sur Terra, la jeune Placek allait être au centre d’un cyclone aux conséquences imprévisibles.

 Autour du cimetière qui se trouvait à l’écart de la ville, un service de sécurité installait des barrières mobiles apportées la veille de Lan Xu. L’élite des watcheurs et watcheuses chinois était là, sur le pied de guerre. Le chef de la sécurité de Rivers avait prit contact avec les responsables du secteur depuis deux jours déjà. « Alea jacta est » Se dit le Président en descendant de l’appareil pour aller se reposer avant d’avoir à s’apprêter pour les funérailles.

 ………………………………………….

 Zdenka, le casque de kevlar sur la tête, revêtue de l’uniforme de pilote d’hélicoptère de l’Armée de l’Air chinoise suivait les autres membres de l’équipage vers les hangars de l’héliport militaire. Un autre groupe sécurisait une grande fille blonde très bien habillée et se dirigea vers le mess. On réfléchirait après la cérémonie à des stratagèmes moins grossiers, avait dit Shaarka. Zdenka s’enferma dans un bureau avec lavabos et s’activa. Une demi-heure après, elle s’engouffra dans un Van banalisé et se coucha sur la banquette arrière sous une couverture. Quelqu’un ouvrit la portière au bout de quelques minutes et s’assit à l’avant.

 « Come va ? » Demanda en espagnol le chauffeur d’une voix sourde inimitable en démarrant.

ext-justify: inter-ideograph;"> « Bien Major. Comment allez-vous vous-même ? » Répondit la voix sous la couverture.

 « Content de vous entendre, Zdenka. ». Jorge les sortit du hangar.

Après avoir quitté l’enceinte militaire, le Van se fondit au sein du lacis de ruelles du centre-ville. Avant que d’être obligeamment heurté par un véhicule léger qui débouchait en grillant la priorité. Laissant le Major Ramirez-Sziged régler les formalités paperassières, Zdenka se laissa glisser au milieu du petit attroupement. En habits neutres et poussiéreux à souhait, avec ses cheveux teints et son hâle soigneusement entretenu à bord de l’Orion, elle s’esquiva illico. Parvenue sur la place centrale, l’ex Protectrice de la communauté verte suivit les indications données afin de retrouver les autres. « Plutôt compliqué de se réinsérer dans l’humanité terrestre. » Songeait-elle, en vérifiant le noir de ses cheveux dans une vitrine.

 

 A 7 km de là, en fin de journée, au cimetière. 

 Zdenka se tenait incognito au milieu de la foule des anonymes et observait Jon Toelek qui s’avançait vers le cercueil. La grande femme blonde en pantalon et veste verts était parfaite. Le carré des officiels, sur une estrade basse avec des chaises pliantes accueillait les VIPs et les anciens collègues chartistes de Xu. Zdenka était prête à jurer qu’elle se trouvait là-bas en personne. Rivers, deux ou trois mètres derrière celle qui incarnait l’ex Protectrice martienne, restait immobile et digne, sa brève allocution terminée. Après quelques mots simples, Jon Toelek se recula à son tour. Il repensait aux dernières discussions qu’il avait eues avec le défunt. Quatre employés descendirent le cercueil.

  Suong, Nam et leur mère virent brûler quelques baguettes à papier au-dessus de la tombe, ils s’inclinèrent et retournèrent auprès des proches. Xu, qui admirait sincèrement le travail accompli par les Ranks non scientifiques, non militaires, appréciait beaucoup Pham Van Loc, épouse Nguyen. Il était réellement le parrain des enfants. Quoiqu’il ne voyait ceux-ci que très rarement. On retira les cordes. La fosse avait été creusée à la mode occidentale contrairement à l’habitude dans ce pays de Loess.

 Shaarka passa la première. L’indienne leva les deux bras et les replia le long de son corps en soufflant, au bord du trou. Puis elle projeta les deux bras en avant et les ramena croisés sur sa poitrine. Elle inclina ainsi l entement le buste, ses doigts bien écartés dépassant de part et d’autre des épaules. On aurait dit du yoga. Sa tête touchant les genoux, la Ranke, au rythme de sa respiration se releva bras levés, prit son appel pieds presque joints, bras tendus et elle effectua un salto arrière parfait. Un murmure courut dans la foule autour de Zdenka. La tigresse bougeait encore ; Le vieux ne partait pas sans laisser d’héritiers. Shaarka resalua brièvement le mort et retourna aux cotés des proches. Tandis que Magda et Trajan se mettaient en file pour la suite, deux rangs devant, Zdenka s’approcha elle aussi. Quand ce fut enfin son tour, elle prit deux mèches de ses cheveux blonds qu’elle avaient coupées avant de se les teindre et les lança sur le cercueil sans mot dire.

 « Alors c’est vous la Reine des Ras-du-bonnet ? » Entendit-elle alors venant du carré des officiels. Un type s’agitait devant la fausse Zdenka en l’interpellant vigoureusement et vulgairement en anglo/américain.

 « Plait-il ? » Dit la femme en vert avec sa propre voix.

 « Ben ouais, les bouseux Verts qui vivent comme des termites… et à cause de vous, nous les terriens, on peut plus avancer ! » Dit l’homme sur un ton de provocateur qui se sent filmé. Le sosie de Zdenka haussa les épaules pendant que Rivers s’avançait vers elle, protecteur. L’interpellée l’arrêta en tendant un bras fléchi vers l’arrière. Elle attendit que les nombreux membres des services d’ordre finissent de vérifier qu’aucun dispositif d’enregistrement, quel qu’il soit, ne fonctionnait plus. Le gars passait d’un pied sur l’autre, agité au possible. Comme son sosie avançait de deux pas en avant, vers lui, il essaya autre chose puisque sa tentative de martyr semblait tomber à l’eau.

 « Chez nous, vos trucs d’aristos ça ne prend pas. » Prévint il bêtement en la montrant du doigt.

 La remplaçante de mademoiselle la Colonelle Protectrice de la communauté martienne haussa à nouveau les épaules et lâcha bien haut en anglais :

 « Intéressant…Vous êtes nombreux à être devenus aussi idiots que vous l’êtes, sur Terre ? »

 « Ah Ah Ah » Fit James Rivers qui soudain comprenait qu’il se passait quelque chose d’anormal.

 « Pouvez vous marrer !.. » Dit l’homme, jouant son va-tout. Il fut interrompu par l’objet initial de son esclandre qui s’intercala, ses mèches blondes au vent, entre lui et la foule, le forçant quelque peu à se retourner.

 « Si on était sur Mars, je vous aurais déjà mis ma main sur la figure. » - Lui disait-elle – « Où voyez vous de l’aristocratie là dedans ? Expliquez-moi donc, je suis là, devant vous. C’est quoi un martien ? » La Ranke commise au dur rôle de sosie avait passé dix ans là-bas. Zdenka avait estimé que cela seul pouvait donner un poids suffisant dans certaines circonstances.

 « La preuve » Se dit-elle, l’illusion était saisissante.

 Les gens s’éloignaient à présent. Seuls deux membres du service d’ordre de l’ex Président s’avançaient pour prendre l’homme en sandwich, juste au cas où. Le cimetière se vidait lentement.

 « Ouais…oh, eh…on sait, hein… » Le type fouillait désespérément des yeux les derniers partants. Ses acolytes, s’il en avait eu, décampaient probablement sans demander la note. Magda et Trajan, restés sur le bord des allées la regardaient, elle, en chuchotant entre eux. Son attention se reporta encore une dernière fois sur sa doublure.

 « Avez-vous déjà reçu une bombe thermonucléaire au dessus de la tête, monsieur je sais tout ? » Demandait celle-ci à l’homme qui tentait vainement de se dépêtrer de l’assaut verbal. Les fossoyeurs crachant dans leurs mains empoignèrent leurs pelles et commencèrent  leur office tout en jetant un œil peiné sur la scène. Si ils n’entendaient rien au contenu exact des paroles, ils avaient déjà vu ce genre d’ambiance au moment de s’y mettre. Plus d’une fois.

 « Vous devriez essayer, c’est très instructif vous verrez…je vous assure ! » Conclut la fausse Zdenka Placek, avec un rictus, selon toute apparence authentiquement dégoûtée.

 Elle repoussa l’histrion juste dans les mains des deux sbires américains. Ces derniers, aux ordres de Rivers, allèrent raccompagner l’homme hors du cimetière. Ou aux gardes chinois de faction à l’entrée. « C’était à lui de voir… » - dirent-ils. Ce qui restait de l’attroupement initial se défit, mais Zdenka, à ce moment là, était déjà ressortie, rattrapant Magda et Trajan.

 En ville, ils cherchèrent le dernier autocar pour la métropole régionale de Lan Xu. Trajan avait vérifié les abords de la gare routière et ils montèrent, Zdenka sur les talons. Sur le chemin, dans le vieux bahut à l’éthanol, le braç com de Magda bipa en crypté.

 « Je crois que c’est pour toi, Zdenka.- un temps - Oui, c’est elle.»

 La druidesse ôta le cryptage de son com et le lui tendit. Zdenka attrapa le bracelet et lut.

 - 20 ans de mission – permission de 10 jours accordée – nous ne faisons rien sans votre avis, Ser Protectrice – gardez contact sur signal convenu – profitez bien, ça risque de ne pas durer –  amitiés ? -  Shaarka.

 Elle posa le bracelet sur la banquette devant elle, et se rassit. La cabine passagers était quasi déserte. Trajan leur fit signe qu’il veillait, trois rangées derrière le chauffeur. Magda, genoux sur le siège précédent, la regardait, bras posés sur le dossier, le menton affalé sur les poignets. Elle trouvait Zdenka brune très réussie.

 « C’est bon de te revoir » Dit la druidesse avec un battement de paupières fatigué.

Xu_et_Jon

 

 

 - (Jon Toelek et Huan Xu lors de leur dernière entrevue) -

 

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Commentaires
H
beaucoup d'imagination, beaucoup de lieux et beaucoup de personnages. J'avoue je m'y perd un peu. <br /> pourriez vous me dire la base de l'histoire ?
Solar Ranks
  • Texte de science-fiction/anticipation. Les siècles prochains l'humanité sera t'elle moins stupide que pendant ceux qui ont précédé ? Quelques parcours humains, animaux et végétaux en 700 pages.
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