(laïus de Sean)

« On peut s’étonner de ce que les Nefs de Rotation à destination des corps célestes d’outre Terre, n’aillent pas plus vite. « Comment ?! Nos glorieux ancêtres se sont portés vers Mars en huit mois et nous mettons parfois presque une année pour rallier la planète rouge ? Nous, tellement mieux équipés… ». Oui, certes…Envoyer une équipe d’exploration composée de professionnels de l’espace qui s’entraînent plusieurs années préalables avant d’embarquer pour leur périple unique est toujours possible. Les expérimentation de séjours longs en apesanteur (qui datent du XXème siècle !) ont peu ou prou fixé la limite à ce qu’un corps humain peut encaisser comme durée maximale en Grav 0. Les russes (soviétiques à l’époque…) ont ainsi réussi à maintenir près de deux ans un cosmonaute en orbite, dans l’antique station « Saliout ». Le courageux cobaye n’avait pourtant pas épargné ses efforts, et passait là-haut plusieurs heures/jours en exercices physiques destinés à enrayer les pertes musculaires, osseuses, et à entretenir son tonus cardiaque. Malgré cela, il a fallu le porter comme un enfant incapable de se mouvoir par ses propres moyens lors de sa récupération dans la steppe kazakhe…Pas le soutenir, hein ? Le porter ! Ce n’est pas ce que nous recherchons nous dans nos entreprises spatiales ! Nos personnels doivent pouvoir être opérationnels, revenir et récupérer vite. Il ne s’agit plus de performances à homologuer fièrement après avoir envoyé les héros se refaire une santé en hôpital, mais d’exploitation rationnelle de l’effort collectif. D’autre part, nous ne saurions attendre patiemment non plus que les coordonnées astrales des planètes soient dans une phase de conjonction optimale pour procéder aux départs et  assurer les rotations nécessaires.

Sur un tout autre registre cette fois, bien que se livrer à la reproduction mammifère soit hautement déconseillé en Bases extra terrestres, de tels cas se sont présentés. Vous pouvez exiger de spationautes militaires qu’ils se l’interdisent, voire qu’ils acceptent de se soumettre à des traitements contraceptifs à caractère vaguement coercitif…c’est vrai ! Mais, lorsque vous entretenez des centaines, puis des milliers, de travailleurs sur d’autres corps célestes, scientifiques, administratifs, médecins de tous poils, chercheurs, représentants des Trusts, hommes et femmes, en revanche, des enfants naissent. C’est tout bonnement une possibilité avérée. Et faites donc emprunter un véhicule en Grav 0 constante à un nourrisson six mois durant…Vous verrez ! Il appréciera sans doute la flottabilité permanente, jusqu’à sa mort en redescendant en gravité planétaire…Nos Nefs ne se déplacent donc jamais sans être pourvues de quartier Grav + 0,6 au minimum ou accompagnées par des bâtiments qui hébergent de tels secteurs en Grav compensée. Faire progresser dans le cosmos, à 40 000 Km/heure, des mobiles artificiels au sein desquels tournent des dispositif de compensation gravitationnels est déjà assez difficile et exige une dépense énergétique impressionnante. Depuis que nos vaisseaux sont construits en orbites circumplanétaires, leur taille potentielle et réelle a franchi un bond de géant. Rappelons au passage que ces monstres ne peuvent se déplacer qu’en milieu spatial. L’expérience a montré qu’une fois happés par l’attraction d’une planète ou d’un gros satellite, la seule façon de sauver sa peau est de quitter le navire ! Posez un Transport Lourd de Rotation ou une grosse Nef de type Frégate sur le sol en prenant garde à l’y descendre tout doucement, une fois posée elle s’affaissera sur elle-même comme un vulgaire boudin gonflable troué de mille orifices. Le cas des 11 survivants du Destroyer « Sons of Garp » lors de la bataille de Mars en 2135 ne doit pas faire illusion,  ce ne fut qu’un satané miracle, la foutue exception qui confirme la règle ! Accessoirement un petit Destroyer n’est pas un très gros bâtiment…et la Grav de Mars n’est pas de 1 G ! »

(Intervention publique du Colonel Mac Lyam au 27ème Forum technique de l’aile spatiale de la Charte – Terra - 2188)