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Solar Ranks
13 janvier 2010

(L'imaginaire de la succession)

 

Mars  - 29 décembre 2365 -  Cavité Lysistrate K 37.

 

Sorah Adams avait laissé passer deux nuits et presque deux jours, afin que les responsables de la Base K 37 aient le temps de s’habituer à sa présence et aux premières révélations qu’elle leur avait faites en arrivant. Il était l’heure de casser le gros morceau et de leur donner l’ensemble des éléments dont elle disposait. Ser Kara Khan, Véviana et elle se retrouvèrent au Centre d’Implantation des diadèmes de Pilotage d’où elles avaient soigneusement viré tout le personnel. Sous les fenêtres, le Tarmac souterrain vibrionnait d’activité.

 Sorah – (avant de fermer les stores) – « Tant d’empressement présage d’une nouvelle ère à venir dans les voyages spatiaux, mesdames. Avant que ces bouleversements n’interviennent, il est urgent que nous parlions cartes sur table. Vous connaissez toutes deux le dénommé Orland Newth. Il me tarde de faire sa connaissance. Quant à vous, Ser Tédistaïa, vous avez déjà rencontré le Sieur Paul Noalg, agriculteur de Nuevo Tampico. N’est-ce pas ? »»

 Véviana – « C’est exact. Sa petite fille, Kassandra Noalg, nous a aidé en 50 - et après - à établir les Bases cétacées d’exploration dans la banquise d’Europe, et son grand-père Paul est une connaissance proche de nombre de mes partenaires de l’époque….»

 Sorah – (posant sa mallette sur la table) - « Fort bien. » - Elle sortit de la mallette deux gros rapports reliés dont elle fait passer un exemplaire à chaque Commandante – « Voici le rapport confidentiel que Ser Zoun Ramdzong - que vous connaissez également, Ser Tédistaïa - a établi et présenté en conseil restreint à Al Qahra III, il y’a quinze jours de cela. »

 Les volumes étaient ceints d’un bandeau avertissant de leur caractère éminemment confidentiel. Plutôt que se ruer sur eux, les deux patronnes de la K 37 attendirent que Sorah Adams, émissaire exceptionnelle du Siège des Hautes Sœurs, leur en dise un peu plus.

 Sorah – « C’est à la faveur des révélations contenues dans le rapport posé devant vous que les troubles gravissimes qui secouent notre communauté ont éclatés. Ils n’en sont certainement pas la cause directe mais probablement l’élément déclencheur principal. »

 Kara Khan – «  Il s’agit de quoi, Ser Colonelle ? »

 Sorah – (avec force gestes des mains et du doigt) - « Nous sommes deux ici à être nées au XXIIIème siècle. Et vous, chère Commandante Khan, êtes née à la fin du XXIIème…nous nous sommes habituées à ces écarts, quoiqu’ils nous interpellent parfois de façon insistante. A votre avis, Véviana - vous qui l’avez vu - quel siècle a vu naître monsieur Paul Noalg ? »

 Véviana – « Le XXIIème, et certainement antérieurement à Ser Kara Khan. »

 Sorah – « Et bien non ! Cet homme est un Rank 2. Un Rank 2 précoce même ! »

 Kara Khan – « Le dernier Rank 2 est mort en 2267, sur Terra, Colonelle. Il y’a cent ans. »

 Sorah – « Son véritable nom est Gloan Newth, il est né en 2010. Il a 355 ans cette année.»

 Kara Khan – (après un temps) - « Si ce que mes oreilles entendent est exact, je frémis en pensant à toutes les personnes que ce monsieur a du voir disparaître au cours de sa vie. »

 Sorah – (inclinant sa petite tête rousse.) - « Je ne vous le fait pas dire, Ser Khan… »

 Ser Véviana eut une réminiscence si soudaine, si fulgurante, si inattendue, qu’elle s’évanouit aussitôt. Son corps, désinvesti par son esprit, glissait lentement au sol, penché vers l’accoudoir de son siège. Les deux autres femmes eurent juste le temps de lui épargner la chute et l’étendirent sur leurs capes et leurs vestes, jetées par terre à la hâte. Sorah allait pour tenter de la faire revenir à elle quand elle sentit la main de Kara Khan lui saisir le poignet.

 « Non, sœur Lysistrate ! Regarde ! Ses yeux ne sont pas basculés. Ils contemplent quelque chose. Elle rêve déjà. Son visage est devenu semblable à celui d’une enfant. Laissons-là remémorer ou s’élever dans les airs et le cosmos. Par le prophète ! Je savais bien que cette fille là n’était pas comme les autres. » - Murmura l’ouzbèke avec un tressaillement.

 Sorah appela un médecin qui confirma l’absence de signes alarmants. On couvrit Véviana. Ser Adams et Kara Khan entamèrent une veille auprès de la dormeuse qui dura une heure pleine.

 ……………………….

 « J’ai douze ans depuis mon anniversaire à notre conapt du Terrier gamma. Hier, mes grands parents m’ont offert un chat. Je l’ai baptisée Negra. C’est une femelle, elle est toute noire. Dieda* Serguei m’a chuchoté que lui aussi avait un chat noir sur Terra, en France, quand il était petit. « C’était un vrai petit diable ! » - m’a-t-il dit à l’oreille lorsque je la prenais dans mes bras. Negra n’est déjà plus un bébé, ni même un chaton. Après la sieste d’aujourd’hui, passée sur mon cou et mon épaule à ronronner, elle est allée visiter le haut du manoir conapt de mes grands parents où nous sommes. Je l’ai suivie. Elle a grimpé et s’est faufilée par un sas entrouvert, celui du salon de l’étage ! Celle que j’appelle tante Brujilla, était installée dans un fauteuil. Negra a immédiatement sauté sur ses genoux. »

 * - (Grand-père).

 2292 – Mars – Château des Hautes Taupes, appartements du Prince Serguei Tedisteï.

 « Tiens, je savais bien que les chats poussaient entre les cailloux gelés de l’hémisphère sud martien ! - Salut beauté poilue d’au-delà du tropique.» - Fit la Bruja en caressant l’animal.

 « Je me rappelle bien. Je me suis alors assise contre une grosse jardinière odorante dans laquelle ma grand-mère Evangelista entretenait des plantes aromatiques. Je me souviens encore des senteurs du thym, du romarin, et de toutes les autres. C’était l’époque où les discussions entre les anciens du Trek battaient leur plein. Grand père Serguei et Baba Evangelista parlaient souvent très fort entre eux. J’avais beau être assez grande pour me rendre compte que ce n’étaient pas des engueulades mais plutôt des parties de lutte entre deux partenaires, bien ancrés au sol hyper actif de leurs convictions respectives… Je n’osais malgré tout pas entrer dans la pièce, de but en blanc, sur les traces de mon chat… »

 « Imagines tu, Brujilla, les âneries qu’on entend parmi les nouvelles générations de Ranks ?! » - S’étonnait Serguei. Je pouvais presque voir sa tignasse hirsute et son geste de la main, les doigts en peigne de moujik tentant de discipliner l’indisciplinable loin de ses yeux. « Ils n’ont aucune idée de la teneur de l’air que l’on respirait alors. N’est-ce pas vrai, Evangelista ? »

 « Tu as raison, Serge. Il n’était pas question d’Amélio Chimpe à l’époque ! La guerre vénusienne de 26 a tout enseveli de ces vieilles histoires…pour eux, le Trek initial est devenu un socle dont on ne remet plus en question les fondations. » - Répondit grand-mère.

 « Parbleu ! Nous avons creusé de nos mains… enfin… de nos nanos… les 17 premiers Terriers afin que Terra, le laideron du système solaire, ne puisse plus repousser le miroir tendu ! Et dirigé les travaux des 85 autres putains de trous ! » - Se mit à gueuler grand père.

 Brujilla tenait Negra contre son ventre pour la protéger des éclats de voix. La sienne s’éleva :

 « Terra la joyeuse ! Sangre ! Les guerres sans fin, la misère et la malnutrition ! La crise écologique, les inégalités sociales, éducatives. L’atermoiement politique érigé en dogme, les fièvres obsidionales dans les consciences, la confusion mentale généralisée…comment disait Issa l’autre jour, déjà ? » - Ajouta la reine de nos Guêpes en se tournant vers sa voisine.

 « Certains - pas des moindres - ont dit jadis, entre XIXème et XXème siècle, être les nains de l’Histoire. Mais des nains perchés sur les épaules de géants. Nous sommes, nous, les poux dans la tête de ces nains, juchés sur leurs géants.» - Cita Baba Evangela avant d’éclater de rire.

 « Sacré vieil Issa barbu ! Voilà le genre d’humour que nous ne pourront bientôt plus pratiquer qu’entre nous entre deux tasses de verveine tilleul ! » - Tonna grand père, en riant lui aussi.

 « Maman Marina, avait prétendu que Baba et Dieda Serge n’allaient pas pouvoir rester ensemble. Elle disait que les gens accuseraient le Prince d’avoir un caractère impossible. « C’est vrai ! – avait-elle admit – il n’empêche que ce ne sera pas la vraie raison. Papa et maman tirent chacun la roulotte dans un sens différent, voilà tout. » - Avait-elle précisé. »

 « Que veux-tu mon vieux Serge, cher époux, ces petits nouveaux ne savent même plus ce que ce que c’étaient que les poux, ni le typhus. Leurs frayeurs à eux ont des noms beaucoup plus « up to date », des rétro virus et des prions avec des lettres majuscules et plein de numéros tordus. Dis donc - je saute du coq à l’âne – Brujilla : tu m’aideras, alors, pour motiver et financer les nouvelles recherches sur la Haute vélocité ?» - Demanda Baba Evangelista.

 « J’hésite ma belle. J’hésite. Ces Ranks de troisièmes générations martiennes sont doués, prometteurs…mais ils sont tellement nounouilles… » - Dit la Pilote mexicaine en reprenant les caresses sur le cou de Negra. C’était la seule des trois interlocuteurs que je puisse entrevoir par les portes de là où je me planquais.

 « Ramener la Rotation Terre/Mars civile en Grav 1 à trois ou quatre mois, c’est de la connerie ! » – Laissa tomber grand père sur un ton qui n’avait plus grand chose de convivial – « Il faut avant tout les forcer, les obliger à sortir de ces foutues enclaves souterraines. Les remettre face au cosmos, nom de dieu ! »

 « De quoi as-tu peur, Serge ? » - Le titilla la Bruja – « De voir débarquer chez nous des immigrants Chimps de Terra en masse ? ».

 « Par tous les lupanars de la sainte Russie, non !! Vous savez bien, toutes les deux, que j’ai eu du mal à communiquer de façon fluide et satisfaisante avec Haskar. J’avais de la peine pour lui et je me refusais à apprendre leurs curieuses manières de fonctionner. C’était un prudent. Il avait parfaitement intégré qu’ils s’inséraient dans un univers que ses instigateurs n’escomptaient pas voir prendre une telle ampleur. Sur Mars en tous cas ! » - Lâcha grand-père, avant de chasser Negra qui était descendue sur le parquet, en tapant bruyamment dans ses mains. « Et voilà maintenant que les terrestres commencent à appareiller des cétacés ! À quand les chats télépathes ?!» - Les deux femmes se bidonnèrent en buvant à leurs coupes.

 « Les chats sont déjà télépathes, dourak* ! » - Rigola Baba Evangelista. La Bruja approuvait.

 « Vyvia ! Viens avec nous, discuter, au lieu de te cacher dans le couloir. » - Ordonna Serge.

 « J’ai 12 ans. Mon grand père s’appelle Serge. J’ai le droit de l’appeler comme ça, même devant les autres. C’est le seul à m’appeler Vyvia, à la russe. Tout le monde prononce Vévia autrement. Il m’a dit que quand je serai grande je me souviendrai de lui comme de Serge – le parisien idiot - qui faisait des pâtés de sable sur Luna. Je suis contente d’avoir pour grand mère la belle Evangelista. C’est la plus grande physicienne de toutes les Lysistrates. Enfin, je crois. Ils connaissent Issa et la Protectrice Placek – cette foutue Plackova, comme l’appelle la Bruja. C’est vrai qu’elle est bizarre ! Un jour qu’elle était venue chez nous quand j’étais encore petite – je devais avoir à peine 9 ans – elle m’a caressé les cheveux en me disant : « Tu vas vivre dans un monde beaucoup plus compliqué que celui dans lequel j’ai grandi, petite fille. Essaye de savoir où tu veux aller et ne te préoccupe pas trop d’y comprendre quoique ce soit. Il n’y a qu’une seule vie, aussi longue ou aussi courte soit-elle. » - C’est bizarre, non ? De raconter des trucs pareils à une enfant de neuf ans. »

 Je suis entrée dans le salon en récupérant mon chat noir au passage.

 « Regardez moi cette enfant avec son fauve dans les bras…Voudrais-tu nous dire ce que tu préfères sur Mars, Véviana ? » - Demanda avec une gentillesse étudiée Baba Evangelista en m’entourant les épaules de ses bras. Elle savait à l’avance ce que j’allais répondre, on en avait parlé la veille…

 « Ce que je préfère sur Mars : c’est qu’on peut toujours s’en aller. »

 « Ah ! Eh bien voici une bonne raison, la meilleure qui soit à mes yeux - pour bosser sur la Haute vélocité. N’est-ce pas, Sergio ?» - Dit grand-mère triomphalement.

 Grand père Serge est souvent bougon, mais il a toujours eu un très joli sourire.

 * - idiot – (affectueux)

 ……………………………………

 Kara Khan rejoignit Sorah dans la semi pénombre de la salle d’implantation. – « Regardez, Ser Adams. Son visage a changé, il est moins enfantin. On dirait qu’elle change de rêve… ».

 « Ah cette fois, j’ai grandi ! Je n’ai plus douze ans. Mes seins sont fermes et hauts perchés. J’ai invité un garçon de ma classe à venir chez nous. C’est un excellent élève, surtout en sciences dures et en génie biotech où il me surclasse régulièrement depuis 3 semestres. Mes parents, Marina et Peter ne sont pas là cet après midi. J’ai déjà couché avec des garçons ! Deux ! Et les cheveux clairs de celui-ci me plaisent bien. Au moment fatidique, celui où il ne reste plus que les vêtements du bas à ôter, il me tend sa main avec une boule Flex.

 « Qu’est ce qui t’arrive ? Tu as oublié de télécharger les devoirs pour demain ? » - Lui dis-je.

 « Arrêtes de faire ton andouille, Vévia…C’est pour accorder nos sensoriels, une fois linkés, ça sera encore meilleur. » - Chuchota t’il en me déposant des petits bisous sur les épaules.

 « Ça veut dire aussi que tu pourrais conserver une empreinte de ce que nous ferons. »

 « Et alors ? Je ne l’utiliserai jamais en dehors de nous. On pourrait se brancher sur nos unités Vaev personnelles après, et revivre autant qu’on le voudrait ces instants. » - Argua t’il.

 « Je ne veux pas. C’est pas du vrai partage ! » - Je me suis reculée.

 « Bien sûr que si ! Tu ne serais pas un tantinet mystique, Vévia ? » - Se moqua t’il.

 « Je ne veux confier qu’à mon corps le soin de se souvenir ou d’oublier ce genre de moments. Si tu appelles ça mystique, alors oui -  je le suis. » - Ai-je dit avec une moue affectée.

 « Pff ! » - Fit le garçon en remettant la boule Flex dans sa poche de pantalon – « Idir a raison : les enfants des Trekkeurs ont des mentalités de snobinards. »

 J’ai remis mon bustier en le laissant toutefois ouvert pour qu’il puisse s’énerver en matant mes nichons. – « Et sur les filles de Lysistrates ? Vous devez sûrement aussi avoir une idée sur les enfants de druidesse, ton pote et toi…non ? » - Ajoutai-je. Le mec se rembrunit, il repassa sa tunique, lui aussi, et rétorqua posément  en reboutonnant son col.

 « Ne cherches pas à me faire passer pour je ne sais quel pervers plein de turpitudes, Vévia. »

 « Je crois que je m’engagerai bientôt chez les druidesses ! Ma mère n’est pas très chaude pour cela, mais au moins, là-bas, on peut exprimer ce genre d’opinions sans passer pour une toquée. Allez, barres-toi ! » - Nous ne nous sommes plus adressés la parole du semestre.

 

Je me suis engagée chez les cadettes Lysistrates vertes l’année suivante, à 17 ans… Que se passe t’il ? Je n’ai plus 16 ans. Ni 17 - Je n’ai plus d’âge. Je suis collée à une paroi étincelante et froide. Mes habits se collent à la glace et je progresse vers le haut en détachant des morceaux d’eau gelée du bout de mes crampons d’escalade. Comment se fait-il que je ne soit pas arrivée à bout de cette stupide cascade la dernière fois ?! Qui était avec moi ? Je ne parviens pas à m’en souvenir. Mon piolet agrippe enfin le rebord du sommet, et d’un dernier effort de mes reins, je passe une jambe par-dessus l’arête finale. Sur le méplat enneigé, je distingue une forme féline, aux poils noirs. Intense sur le blanc omniprésent. – «  Negra ? ».

 « Negra n’est pas là ! » - Fit l’apparition en découvrant ses crocs et en léchant ses babines de sa longue langue. « Negra ne grossira jamais autant que moi. Mais j’attendais un Chimp ! »

 « Vous êtes l’ogresse attitrée du peuple singe, panthera ! Son cauchemar intime.» - Lui dis-je en me redressant malhabilement sur mes jambes ankylosées. Elle plisse les yeux et commence, impassible, à s’envoyer de la neige sur la tête à l’aide de sa longue queue soyeuse.

 « Les panthères et le peuple des quatre mains ont une longue histoire commune, humaine. Les Chimps, par certains côtés, sont des panthères, eux aussi. La dévoration n’est pas ce que tu crois, ni surtout ce que tu acceptes d’en dire, jeune femme glabre. » - Dit-elle.

 « Je sais ! Vous attendiez Hornak ! » - M’écriai-je, frappée d’évidence.

 « Évidemment !.... Tu sais où il est, Pilote ? »

 « Non ! »

 

Depuis un quart d’heure Ser Tédistaïa s’agitait sur le matelas que l’on avait glissé sous elle. C’était le début de la période nocturne dans la cavité K 37, quoique le cycle circadien n’ait pas eu grande incidence dans cette fourmilière vouée aux recherches de pointe spatiales. Ser Khan avait fait prévenir la Colonelle de la sûreté Adams : La phase de sommeil de la Commandante semblait devoir s’achever bientôt ! Ser Adams était dorénavant leur patronne directe à toutes les deux. La minuscule petite rouquine s’assit au sol, à un mètre de la couche où remuait de plus en plus spasmodiquement la rêveuse aux cheveux ailes de corbeau.

 « Non ! » - Prononça la dormeuse très distinctement et très fermement avant d’ouvrir les yeux. Véviana s’assit sur le sol en s’aidant de ses bras. Elle tenta de faire le point. Pas facile ! Un visage étroit se pencha pour pénétrer dans son champ de vision :

 « Eh, eh ! La grande prêtresse du ternaire a rebasculé vers le monde de l’éveil…Bonjour, Ser Tédistaïa. » - Fit la petite tête couronnée de mèches couleur feu de Sorah Adams.

 « J’ai rêvé de mon passé d’enfant. J’étais redevenue une enfant ! Et puis une panthère est venue me faire comprendre que j’étais une adulte en train de rêver. » - Débita Véviana.

 « Troublant, en effet ! On pourra s’y remettre bientôt ? » - Demanda la Colonelle en souriant.

 Ser Kara Khan accourait avec de quoi manger et boire et tendit le tout à sa collègue. La Commandante Tédistaïa engrangea en mémos internes le maximum de ce qu’elle pouvait retenir de son étrange songe et s’essuya les mains une fois tout cela fini.

 « On peut y’aller ! » - Dit-elle en allant s’attabler à nouveau devant les dossiers.

 Jusqu’au 31 décembre en fin de journée, les trois Lysistratéennes se consacrèrent exclusivement à l’étude exhaustive du rapport et des conséquences à tirer des évènements des trois dernières semaines. Rendez-vous avait été prit pour la dernière soirée de l’année 2365 avec les membres du groupe d’Orland/Korhth qui promirent de s’occuper du réveillon.

 « La guerre civile de 2365, fut l’occasion d’une revanche des mâles de tous acabits, de toutes races, de toutes provenances. Le mâle : glabre ou velu, à mains ou à nageoires, bête et méchant ou doux et subtil, ne se souvient pas d’où il vient. C’est pour cela que son idée de la revanche est si différente des conceptions femelles. Si nous ne laissons jamais aux représentants de la part masculine de nos races un espace et un temps pour s’imaginer des racines, ils se retourneront contre les responsables de matrices que nous sommes. Peu leur chaut, une fois le point de non retour atteint dans leurs curieuses écologies mentales, que n’en soyons que les locataires provisoires. Etant entendu que des femmes peuvent pencher - parfois consciemment,  du côté des mâles, et que des mâles, puissent être de leur côté amenés à défendre le pré carré des agirs féminins. Au grand dam de leurs confrères en virilité. »

 

(Zghirni Sgharnova – « L’institution imaginaire de la succession. » - Presse universitaires de Mars.)

 

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  • Texte de science-fiction/anticipation. Les siècles prochains l'humanité sera t'elle moins stupide que pendant ceux qui ont précédé ? Quelques parcours humains, animaux et végétaux en 700 pages.
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