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Solar Ranks
12 janvier 2010

(Amoures et amitiés)

 

……….Cavité 13 de Nuevo Tampico  -  Ferme Newth………..

 C’était la période des frimas à la C 13. Le cycle saisonnier artificiel laissait l’essentiel des végétaux de la Cavité prendre leur posture de dormance. La clarté diurne était courte et longues les nuits d’obscurité. Résidents et visiteurs ne s’y déplaçaient plus que chaudement vêtus. Les périodes froides de cycles saisonniers sous cavités Bio donnaient lieu à un afflux de visiteurs nombreux venus des zones Ruches. Il s’agissait le plus souvent de promeneurs qui recherchaient à travers leurs pérégrinations solitaires ou familiales à oublier tant soit peu l’atmosphère un peu sèche des Ruches et de leurs Conapts. Un tropisme du « soleil » (artificiel) existait aussi, bien sûr, mais venir marcher quelques heures ou quelques jours au milieu de biotopes endormis, aux végétaux parmi lesquels on osait s’avancer était un plaisir très prisé. En conséquence, la C 13 était fréquentée en ces temps là.

 Kassandra, sa longue cape houppelande en laine et feutre bien agrafée, alla vérifier que les quinze tentes des « touristes » qui s’installaient pour la fin de douzaine sur le champ de seigle étaient montées conformément aux exigences écologiques. Leur ferme avait un bungalow de sanitaires destiné à ces visites. Les revenus issus de cette activité secondaire aidaient la ferme Newth à vivre. Les nouveaux arrivants étaient vêtus de vêtements chauds typiquement citadins, tissus synthétiques aux couleurs pastels, et accessoires en polymères. Kassandra leur recommanda de bien veiller à ne rien laisser traîner, à ne rien enfouir. Le père de ce petit Clan familial Rank vert qui égrenait ses quatre générations successives dans ce groupe de tentes fort bien posées au sol, était un type au crâne chauve, très souriant.

 « Ne vous en faites pas, madame, nos enfants sont bien formés. Je relaierai moi-même les recommandations. Votre aire pour le feu a bougé depuis les 15 dernières années ? » - Dit-il.

 « Of course ! Ah oui, je vous reconnais, vous étiez venus en couple il y’a quinze ans ! L’aire est en contrebas cette année, vers le coin gauche du champ. » – Lui indiqua t’elle en montrant du doigt. Le vent souffla quelques rafales qui giflèrent la surface gelée du sol. Kassandra laissa là sa tournée d’inspection et retourna vers la ferme. En remontant sur le chemin, elle aperçut une silhouette au loin. - « C’est lui ! Orland ! ». Son cœur s’emballa dans sa poitrine.

 « Du calme, toi ! » - Ordonna t’elle à son muscle. Elle attendit l’homme et repoussa en arrière le large capuchon de sa houppelande quand il ne fut plus qu’à cinquante pas.

 « Kassandra ! » - Cria Orland en interrompant un instant sa marche. Elle enleva aussi son bonnet de laine brodée rouge et bleu - aux armoires du Clan Newth - qu’elle s’était procurée jadis en le subtilisant à un de leurs surfaciers en goguette. Elle secoua sa chevelure pour la regonfler dans le vent. Ils se serrèrent dans les bras l’un l’autre, en une étreinte qui essayait de ne rester que chaste. Kassandra remit son bonnet et prit la main d’Orland. Leurs souffles s’échappaient en vapeur dans l’air froid et leurs poumons s’emplissaient d’exaltation.

 « Viens, on va provoquer un infarctus au vieux ! » - Fit-elle en riant gaiement.

 Mais Pap’ Paul les vit arriver de loin, occupé qu’il était à ramasser les dernières feuilles sur la terre battue de la cour, pour le compost. Il se redressa et demanda à Sherhgi et à son futur remplaçant qu’il soumettait à une période d’essai de continuer à ratisser avec soin les abords.

 « J’espère que, cette fois ci, il va rester plus de cinq jours ! » - Songeait-il en se frottant les mains en poussant la porte d’entrée. Et il commença à s’affairer en cuisine.

 Mars….Centre Hospitalier de Schkoklan……le lendemain matin……

 Zghirni se passait la toison encore humide à l’huile de karité lorsqu’elle reçut l’appel du Centre de soins. Elle accepta de recevoir la Doctoresse Kunti d’ici une heure. Heure qu’elle consacra à finir de rendre son petit espace de 35 mètres carrés plus à son goût. Elle finissait de remplacer la porte coulissante entre salle de bain et salon par une tenture en batik, plus conforme à ses habitudes de vie, quand le signal de porte vibra. Ser Kunti entra après lui avoir souhaité le bonjour et s’être présentée. « Vous connaissez déjà Ser Jonkmann, je crois. » - Dit-elle. Audeline et elle s’assirent sur deux poufs gonflables que Zghirni venait de disposer à la place des horribles mini transats pour collectivités du salon salle à manger. La doctoresse Kunti tâta de la main le matériau dont était recouvert  son siège. « Une femme riche – Veuve récente. » - Pensa t’elle brièvement. La fiche seconde de Ser Zghirni et une brève recherche sur le Voile lui avait déjà apprit un certain nombre de données de base.

 « Fort joli support textile, ingénieux – Fit-elle - Comment vous sentez-vous ce matin, Ser ? »

 « Excitée comme une petite Chimpe. J’ai très bien dormi, merci. C’est un soulagement de réintégrer un milieu dans lequel un peu de poussière et l’eau courante sont autorisés. »

 Audeline dégrafa prestement les fibules de sa cape et la posa sur le dossier de son fauteuil gonflable. Elle vérifia son catogan et sortit son Workscreen de chambellan, histoire de se donner une contenance. La petite Ranke rondouillette se sentait tout à fait à l’aise dans le charmant environnement que la Chimpe avait su concocter en si peu de temps.

 « Je suis venue vous rencontrer plus que pour procéder à une visite classique, Ser Zghirni. » - Disait la Directrice. Zghirni lui demanda : « Vous êtes bien la responsable médicale et administrative de ce gigantesque lieu, madame, n’est-ce pas ? »

 « Effectivement, j’ai cet honneur et cette responsabilité, madame. Nous sommes ici pour discuter entre collègues, en réalité. Entre personnes de bonne volonté aussi. »

 « Elle me passe la pommade - Soit. Qu’est-ce qu’elles me veulent ? » - Pensa la femme de Sgharn avec un brin de colère. Elle se contenta de répondre :

 « Dans ce cas, accepteriez vous de m’en dire un peu plus, mesdames ? »

 Mohanda Kunti se passa une main sous le menton en faisant un petit signe à Audeline qui raffermi sa pose, workscreen sur ses genoux, d’un air très « professional executive woman ».

 « Ser Zghirni…. »

 « Je vous autorise à m’appeler par mon seul nom, Ser Jonkmann. C’est la seconde fois que nous nous voyons. La troisième même devrais-je dire…. » - L’interrompit la chimpe. La martienne cligna des yeux pour remercier et reprit : « Fort bien. Je m’appelle quant à moi Audeline…Vous n’êtes pas sans savoir que de très nombreux Amélios Chimps sont arrivés ici hier en même temps vous. »

 « Cette surreprésentation est un classique du genre, Audeline. La plupart des Chimps ont sauté sur l’occasion d’un séjour aux frais de la princesse - Verts autant que bleus, les membres Amélios du Peuple Singe admettent, et même raffolent, de tout ce qui passe chez vous pour du Troc, du Don ou de la gratification sans frais. » - Fit remarquer Zghirni en terminant cette mise au point en s’adressant aux deux femmes. Ser Kunti accepta de continuer l’échange :

 « En tout cas, il en résulte que le contingent des hôtes que vous êtes, comprend l’essentiel des Chimps présents sur le « Strong Maru »….mes collègues se posent des questions à propos de la marche à suivre en ce qui concerne les conditions de soins psychologiques, Ser. Ils hésitent à proposer les services de nos thérapeutes Chimps aux humains terriens. » - Elle se tut.

 « À cause de notre attitude lors de l’attente des secours, je suppose ? » - S’enquit l’autre.

 Ser Jonkmann commençait à trouver que cette discussion devenait déjà pesante et désagréable comme une choucroute qui vire trop à l’aigre. Elle prit la parole d’autorité :

 

« Nous ne voulons pas vous importuner inutilement, Zghirni. La Directrice Kunti désire décider d’une attitude coordonnée des soins, c’est tout. Nous pouvons consulter d’autres personnes, si vous désirez être tranquille. » - Dit-elle, le dos bien droit dans son siège.

 « J’espère que vous le ferez. Je ne suis qu’une modeste Infirmière/Psychiatre sur Terra, Sers. Le titre de thérapeute psychiatre de plein exercice n’est pas accordé aux Chimps par les Facultés de médecine de Terra. Qu’attendez-vous de moi, exactement ? » - Zghirni souriait, amusée à présent par la tournure des évènements.

 « Votre opinion, Ser Zghirni, un simple avis. – L’assura Ser Kunti – Devons-nous proposer les service de médecins psy Chimps aux humains de Terra qui ont partagé votre épopée terrifiante ? D’autre part …et pour finir…pensez-vous que les tensions inter espèce ont beaucoup pesé sur la communauté Chimp du « Strong Maru ».» - Lâcha la Directrice.

 « En dehors des aspects politiques liés aux questions que vous soulevez là…dont je ne me formaliserais pas à votre place, madame, m’est avis que vous devriez proposer le choix à chaque chartiste présent à bord de la Nef lors de l’accident. En dehors de cela : Oui ! Les conséquences sont sérieuses dans l’esprit de mes congénères velus. » - Répondit Zghirni dans son ensemble pyjama d’intérieur en coton léger. Elle se leva et commença à torsader un très long foulard de soie dont elle se fit un couvre chef en regardant, debout, ses deux visiteuses.

 « Nul ne peut prévoir les répercussions qu’aura notre décision d’agir différemment des glabres quand il a fallu abandonner le vaisseau, mesdames. Et je suis l’une des personnes qui ont entériné et défendu activement notre conception…. Il y’a eu quelques Chimps dans la Flottille et quelques humains avec nous dans ce que tout le monde appelle la Roue. Voulez-vous que je vous communique les noms de ces personnes ? » - Ajouta t’elle, sibylline, une fois son 33 tours terminé. Ser Kunti et Audeline Jonkmann s’étaient levées à leur tour.

 « Si vous nous autorisez à disposer de ces informations ce sera avec plaisir… et reconnaissance, Ser Zghirni. » - Finit par balbutier Ser Kunti en lui tendant la main. La Directrice du Centre de soins de Schkoklan sortit en souhaitant une excellente journée aux deux femmes, puisque Ser Jonkmann ne semblait pas disposée à vider les lieux.

 « Alors, chère Audeline, parlez moi un peu de vous et de votre vie ici. J’en ferai autant de mon côté. Vous avez un peu de temps, j’imagine, avec cette entrevue matinale… » - Dit joyeusement Zghirni en se rasseyant en face de la Ranke martienne dès que la porte fut refermée. «  Elle m’a donné ma matinée. » - Rigola Audeline en se laissant tomber sur le pouf.

 

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Solar Ranks
  • Texte de science-fiction/anticipation. Les siècles prochains l'humanité sera t'elle moins stupide que pendant ceux qui ont précédé ? Quelques parcours humains, animaux et végétaux en 700 pages.
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