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Solar Ranks
12 janvier 2010

(Kassandra)

 

2345  - Terra.  - Northamérica.  (Etat de Caroline du nord).

 

Le lourd cheval, agacé par les gros taons, rua jusqu’à arracher ses liens. L’animal se dégagea des brancards. Le vieux Paul le laissa filer. « Je ne vais pas m’échiner à te courir après, mon vieux ! » - Dit-il, pensif, en regardant la bête s’éloigner du canal de drainage. Il dégagea le soc de sa charrue, la retourna et entreprit de nettoyer l’outil de toute sa terre. D’une besace qu’il dut se coltiner à travers la parcelle, il tira ensuite un pot de graisse et enduisit l’ensemble de métal chaud de matière grasse. Il essayait de ne pas gâcher la marchandise inutilement. La graisse était chère ces temps-ci. Il vit une silhouette s’avancer au loin, tenant son cheval par la bride. « C’est sympa qu’il y’ait encore des types serviables comme ça de nos jours ! » - Songea t’il gaiement sans cesser son ouvrage.

 Il s’essuya ensuite les mains à un chiffon et il mit une main en coupe au-dessus de ses yeux. Sapristi ! L’« homme » qui approchait avec sa vieille carne était sa petite fille !

« L’honnête Paul », ainsi que les gens du voisinage l’appelaient quand il avait le dos tourné, n’avait pas toujours été un vieux paysan du comté. Il était né sur terre en 2010 dans le Nevada au sein d’une famille afro-américaine et il était allé dans l’espace, jadis. Les parents de la gamine qui approchaient étaient même nés là-haut, sur Mars la verte. Paul était une anomalie. Les procédures Biotechs qui avaient fait de lui un Rank 2, en 2044, avaient « foiré ».

Lorsqu’il s’était avisé, dans son Terrier S que son âge commençait à vraiment trop dépasser les limites ordinaires, il avait fui pour se perdre au milieu de l’humanité terrestre. Une partie de sa famille l’y avait suivi. « Les autres, les bavards, croient que j’ai cassé ma pipe ! » - Pensa t’il en rigolant à demi. Il avait tout modifié au cours des années depuis son retour ferme et définitif,  état civil, passé et tout le tremblement. Les gens d’ici savaient qu’il avait été un Rank spatial. « Trop difficile de tromper le monde là-dessus… ». Il prétendait juste que ses souvenirs d’outre terre dataient d’un siècle de moins que ceux de sa vie réelle. Il avait 335 ans et ne tenait vraiment pas de trop à ce que ça se sache ! « La gamine est une bonne petite ! J’ai eu raison de lui dire la vérité ! » - Se disait-il tandis qu’elle entrait dans le champ.

Sans doute, d’ici quelques dizaines d’années, si cette situation insensée perdurait, il lui faudrait déménager à nouveau afin de ne pas éveiller des soupçons dans le voisinage. Le vieux soupira à cette idée. Il regretterait l’exploitation agricole.

« Tiens, Paul ! » - dit sa descendante en arrivant près de lui, tendant la bride. Il l’attrapa et maintint l’animal de son autre main. La jeune femme avec sa coupe si terrienne était superbe.

« Merci de me l’avoir ramenée Kassandra. Ce n’était pas la peine de te donner tout ce mal. Tu vois - j’ai laissé tomber pour aujourd’hui. » - Dit-il en montrant du menton sa charrue retournée à l’autre bout du champ. Les yeux en amande de sa petite fille remontèrent légèrement vers ses tempes. « Qu’est-ce qu’elle est belle ! » - Songea Paul.

« Arrêtes de me dévorer des yeux comme ça, Pap’, tu vas m’user. Je ne me suis donnée aucune peine, puisque je venais te voir de toutes façons. »

« Ah bon ? Criss* ! Et que venais-tu donc faire dans le coin, initialement, bien charmante héritière de mon vaste empire de quelques arpents ? »

« Mon visa d’émigration est arrivé, grand-père. Je pars le mois qui vient avec la prochaine Rotation martienne. Je suis venue parler avec toi une dernière fois…avant mon retour. »

Le vieux type s’agita en remuant les bras en tous sens, sur le sol fraîchement labouré.

« Oh, Kass ! N’as-tu donc pas de vergogne, pas de honte, à vouloir ainsi coller un infarctus à un vieillard sénile en lui annonçant brutalement, de but en blanc, de si terribles nouvelles ? Hmmm ?! » – S’écria Paul – « Quelle Nef assume la prochaine Rotation, à propos ? »

« Ce n’est pas une Rotation Transport Lourd, Paul le vert… Je voyagerai sur le « Cygnus ».  

« C’est un magnifique bâtiment ! » - Dit-il avec une emphase non feinte – « J’y ai servi avec Tsourhna Barnes et La « Bruja » pendant la Boucherie vénusienne – Hell ! Ça bardait dur ! »

Les dents de Kassandra luisaient au soleil. Elle connaissait sur le bout des doigts un nombre ahurissant de données sur son propre parcours ainsi que sur ceux de beaucoup d’autres. Son sourire, au dessus de son souple corps flottant dans la salopette bleue, la rendait pareille à une icône, une héroïne des temps anciens. On aurait pu l’imaginer telle quelle à l’époque de la guerre civile américaine – songeait Paul - Il montra ostensiblement du doigt son propre vêtement, identique au sien en tous points, à part la taille, l’index pointé vers sa large poitrine.

« J’ai été un Mauve lors de mon passage dans la Flotte des Régions Jupiter/Saturne, ma fille ! Puis un Vert, lorsque je suis passé chez « l’ennemi » martien. Maintenant, je suis Bleu de chez bleu, un terrien northaméricain tendance rurale profonde, ma chère Kassandra - Paul le vert, alias mister Gloan Newth, doit rester mort ! Es-tu heureuse de partir au moins ? ».

Il jeta un regard rapide sur elle avant de passer de l’autre côté du cheval. « Tu parles d’une question, vieux débris ! Il suffit de la regarder – Elle rayonne de contentement ! ». Ensemble ils remirent les harnais au propre et montèrent à deux sur le gros cheval de labours. Confortablement installée devant lui, comme lorsqu’elle était petite, la jeune femme disait au revoir à ce paysage de Caroline qu’elle aimait tant. Les fontes de l’animal et leurs deux poids ne semblaient pas affecter la jument, enchantée de quitter les taons et de retrouver sa grange.

« Comment peux tu être sûre de me retrouver encore vivant quand tu reviendras de là haut ? »

« Je te l’ai déjà dit, Pap’- Tu n’es pas près de nous quitter. Je pense mourir avant toi. » - Dit Kassandra. Elle sauta prestement au sol quand ils entrèrent dans l’enceinte de la ferme. Elle tendit le bras pour aider son grand père à descendre puis elle emmena le cheval à sa grange.

Paul ouvrit la porte du bout de son pied et déposa ses besaces sur la table de la maison. Il entendait Kassandra qui sortait à grands fracas les volailles de la grange. Il revint sur ses pas.

« Prends en une Kass ! On va s’y mettre. » - gueula t’il à la porte avant de la refermer. Il chaussa ses lunettes et alla allumer son informatique. Lorsque Kassandra disait « Parler avec lui », il y’avait intérêt à assurer ses arrières et à procéder pas à pas…La dinde que Kassandra apporta au bout un quart d’heure fut estourbie d’un revers de main, étranglée, plumée et vidée. En peu de temps, la marmite, sur le poêle en fonte, gargouilla de fort réjouissante manière. L’interrogatoire de Kassandra harcelait sans relâche le vieil homme dans un déluge de questions et de réponses. En 335 ans d’existence fournie et riche de nombreuses phases, Paul ne se souvenait pas avoir été soumis à pareille pression mentale, à part sous le feu ennemi.

« Tu vas faire cramer mon implantation, ma fille ! Mes neurones sont comprimés comme des œufs de lump dans le ventre de leur maman poisson. C’est de la torture de vieillard caractérisée. Je proteste énergiquement contre de telles abominations juvéniles ! » - L’implorait t’il, en essuyant d’un grand mouchoir à carreaux d’un goût provincial prononcé son front brun, qui ruisselait de sueur à cause de la chaleur du poêle.

« Ce n’est pas négociable, Pap’ ! Si je veux révolutionner le cosmos, je dois Tout réfléchir. »

Sa petite fille voulait vérifier l’ensemble de ce qu’elle avait mit sa vie entière à compiler.

Kassandra, Ranke 3 Amélio, bénéficiait de l’implantation maximale accordée sur Terra pour une watcheuse et pour une Bio technicienne. Cela aidait certes. Harassé, connectant à toute vitesse sur ses unités Vaev, « Pap’ Paul » tint le coup deux semaines avant de sortir sa « petite Kass chérie » de l’exploitation à grands coups de pompes métaphoriques et non métaphoriques. L’ex Chef de Clan Surfacier Gloan Newth enfourna lui-même les affaires de la jeune femme dans le coffre de sa voiture, avant de l’y reconduire. Il avait survécu aux météorites sur Mars, aux tempêtes, tant planétaires que spatiales et radiatives. Il avait sillonné en tous sens les failles et les plaines. Extrait du minerai en mode Opex sur cinq corps célestes différents des Régions mauves. Il n’allait pas se laisser mener par le bout du nez par une petite Perronelle, maintenant qu’il creusait un autre genre de sillons sur sa planète natale !

« La prochaine fois que tu me travailles aux tripes comme ça, quand tu seras revenue sur terre, je me ferai un devoir de me faire payer, Kass ! Au pro rata du volume produit, hein, pas à l’heure ! » - Criait-il à tue-tête en la raccompagnant vers son véhicule, garé dans la cour. Kass freinait des quatre fers en résistant à la poigne de son grand-père. Il la traîna vers sa bagnole.

« Mais enfin, Pap’ Paul, nous n’avons pas fini, il nous reste encore à voir…. » Se désolait-elle.

Le vieux leva son bras en l’air, qui brandissait une longue bûche de bois vert noueuse.

« Stop ! Pas un mot de plus, mon cher petit oiseau du soir. Au revoir ! Montes dans ton maudit char à l’hydrogène avant que je ne me décide à taper dessus au gourdin, Kassandra ! »

« Au revoir - Je t’aime Pap’ ! Prends soin de toi.»

« Ay, Ay, Kassandra ! Je t’aime moi aussi, ma petite fille. Seulement, je ne suis pas un foutu cobaye ! Bonne chance à toi et tous mes vœux vous accompagnent, toi et ta satanée – maudite - entreprise. Et maintenant - allez ouste, dehors ! »

 Il regarda la voiture s’éloigner sur le chemin de terre. Sa feinte colère retomba un peu.

 

 - « Flûte ! J’ai oublié de lui conseiller de couper sa coupe Afro avant de grimper à bord de la Frégate Cygnus…Elle va se faire charrier. » - Pensa le vieil homme. Puis il retourna chez lui se reposer un peu.

 

 * - (Nous tenons à préciser qu’en argot  « Surfacier » martien qu’emploie ici le vieux Paul/Gloan,  l’interjection : « criss ! », revêt un caractère moins grossier qu’en québécois actuel.)

 

 2346  Frégate rapide de la Flotte verte « Cygnus » - espace profond interplanétaire.

 

Kassandra flottait sixte candles en apesanteur dans le poste de tir du navire. Elle se faisait expliquer en détail le fonctionnement des pupitres. Jadis, son grand père s’était tenu dans ce même hall, entouré des héros de cette funeste et tragique guerre que les Vids d’histoire nommaient « la Boucherie vénusienne ». Kassandra s’était vite accoutumée aux différences de Gravité qui régentaient les déplacements et les mouvements à bord de la Nef. Elle était montée à bord deux mois auparavant avec une coupe afro du plus bel effet. Dès le lendemain ses cheveux étaient ras comme un champ après la moisson. Elle les maintenait soigneusement, à une épaisseur de peigne de la peau. Ses longs pendants d’oreilles aussi avaient atterri dans un tiroir de sa cabine pour être remplacés par de très petites boucles en argent massif achetées aux magasins du bord. « Ne vous en faites pas mademoiselle, vous allez vous spatialiser sans même vous en apercevoir… » - Avait complaisamment prévenu son officier instructeur dès leur prise de contact. Kass voyait bien que la grande nana la charriait, le plus souvent, avec une régularité obstinée de métronome. Le « Cygnus » n’était pas un de ces gros et ventrus Transports Lourds de Rotation avec personnel aux petits soins pour les passagers et suites privées immenses pour touristes fortunés. Ce n’était pas un paquebot, mais un navire de combat, pour l’heure affecté aux transferts de troupes entre Mars et Terra.

 Les membres des forces armées martiennes avaient droit à une permission longue de trois années tous les douze ans. Le transport de ceux qui optaient à ces occasions pour un séjour sur la planète des origines était gratuit, plus deux places offertes, et était assuré par des bâtiments comme le « Cygnus ». Kassandra n’était pas un membre des forces armées, ceci dit, tant qu’à être embarquée pour dix mois avec un équipage majoritairement composé de militaires, autant s’instruire un peu. Kassandra s’était portée volontaire pour une pré formation de Ranke spatiale auxiliaire de la Flotte. La Générale Major, Ser Tranh, qui commandait la Nef, lui avait obligeamment libéré une place et elle se voyait à présent flanquée quatre heures par jour d’un cornac instructeur qui changeait selon les thèmes abordés dans sa formation.

« Le Port de connexion se trouve à votre gauche en PY – 33, élève Noalg. » - Disait le Spetz chargé des pupitres. Avec son énorme bandana informatique il/elle ressemblait à un insecte, branché qu’il était sur les systèmes de guet/gestion par de nombreux câbles. Kassandra n’aurait su déterminer le sexe d’origine de ce Spetz. Comme les autres elle pensait à « lui » en mode neutral. On les avait briefés sur le chapitre : « Les Spetz d’ici ne sont pas des civils ! Ils sont doubles, ainsi que le sont toutes les personnes de leur communauté. Leurs vies privées ne regardent en rien qui que ce soit. Leur passé non plus. Si vous les faites braire, croyez-nous, neuf fois sur dix on leur donnera raison après la bagarre, et vous, vous serez bien emmerdés. » - Avaient aimablement averti leurs officiers instructeurs en réunion d’information alors que la Frégate dépassait à peine l’orbite lunaire, rebondissant autour du satellite comme un chewing-gum au fond d’un lance-pierre. « Nous allons passer à l’initiation à la gestion. Passez votre casque de Guet élève Noalg…. M’autorisez-vous à vous appeler par votre prénom ? » - Demanda son professeur Spetz. « C’est la première fois qu’on me demande cela sur un ton pareil ! » - Constata Kassandra.

« Vous pouvez…je vous y autorise. » - Bredouilla t’elle.

« Merci Kassandra. Je vous autorise en retour à vous adresser à moi en pensant/disant « elle » quand nous sommes seules ou à l’écart. »

La jeune émigrante coiffa le heaume informatique Vaev et en rabattit la visière optique. La Spetz lui indiqua comment s’orienter dans le réseau Hyper. L’Intelligence Artificielle qui enserrait l’encéphale de celle qui semblait-il donc, à ses côtés, avait été ou désirait être perçue « femme », par le biais des branchements flex, envoya un flux de données et d’images à haute densité qui submergea presque les capacités de traitement de ses Implants profonds et sensos.

« Je ne vais pas trop loin, Kassandra ? » - S’enquit poliment la Spetz.

« Vous êtes juste sur la limite. Je peux peut-être gérer cet ensemble-là. Si vous en rajoutez, mes cohérences/cohésions vont s’effondrer.»

« Ne craignez rien Kass. Je m’en rends compte. C’est nécessaire si nous souhaitons pouvoir être amies ainsi que je lis en vous que vous paraissez le désirer. Mon prénom humain est Janet. Répétez-le afin que puisse m’assurer de votre prononciation et la rectifier si nécessaire. »

« Djanet, Djanet, Djanet….encore ? »

« Non, c’était parfait. Si vous le voulez nous reparlerons après la fin de l’exercice, Kass.»

Kassandra se concentra sur les systèmes et Janet entama un cycle de simulation de tirs et de contre-mesures progressif. Deux heures plus tard, elle n’était plus en état de suivre le rythme.

« Je vais rétrograder à présent, élève Noalg, vous êtes prête ? »

« Allez-y, je suis épuisée. Merci Janet. »

La densité des transferts baissa graduellement. Kassandra conserva le casque, attendant patiemment que le dialogue entre elles reprenne. Au bout de quelques minutes de patience, elle prit l’initiative.

« Janet ? Vous êtes là ?»

- un silence - « Vous êtes une enfant très douée, Kassandra. Rebonjour. »

« Nous pouvons nous questionner librement ? »

« Allez-y. »

« Votre IA est soumise aux Lois sur les organismes robotiques n’est-ce pas, Janet ? »

« Notre IA y est soumise. Absolument. Les trois premières, dérivées des fameuses Lois de la robotique, inventées et forgées par Isaac Asimov, nous concernent indéniablement. »

« Kassandra mets de l’ordre dans tes idées ! – Songeait l’humaine Kass, désireuse de tirer le maximum de l’aubaine que constituait cet échange avec Janet  - Si les 3 lois s’appliquent, comment font les Spetz pour commander à des machineries qui tuent des êtres humains ? »

 « Je crois pouvoir déduire de vos pensées que vous éprouvez une vraie répugnance à l’égard du corps physique des Spetz, Kass. » - L’interrompit Janet d’un ton égal.

« Je vous demande pardon ?! » - Demanda Kassandra, désarçonnée.

« Vous avez bien entendu ! Vous pensez à moi comme à un monstre - par exemple - ce que je ne suis pas. Aucun critère sérieux ne mène à une opinion de ce genre. En ce qui concerne le problème des Lois de la Robotique et du meurtre par assassinat commandité en temps de guerre, nous, Spetz, sommes modérément associés dans ces décisions lors des combats réels.»

« Vous êtes déjà allée au feu, Janet ?! Quel âge avez-vous ? »

« Je me suis déjà installée devant mon pupitre de tir en conditions de combat réel et je l’ai utilisé - Oui. Lors des batailles autour de Vénus entre 2226 et 2228. Sur le navire jumeau de cette nef : la Frégate rapide « Palomar ». Il fallait nous défendre avec âpreté ou mourir, alors – Les Spetz n’aiment pas tellement la Mort, Kass. Votre répugnance semble pouvoir se laisser attendrir comme une viande trop fraîche. Mes 197 années d’existence en sont heureuses. »

« Donc vous avez 197 ans ? À partir de quelle date considérez-vous que vous êtes née ? »

Au travers du brouillard informatique d’où surgissait les pensées/paroles de Janet, Kassandra entendit distinctement un rire. Clair, limpide, un très joli rire, plutôt féminin d’aspect.

« Chère jeune nouvelle amie… » - Janet riait à présent doucement sur registre bienveillant – « Nous naissons du ventre d’une mère. La nôtre ou celui d’une porteuse lorsque nos bio mères sont trop âgées pour ce faire, comme tout le monde. Les Spetz ne sont peut-être plus tout à fait des humains… ils sont bâtis autour d’hommes et de femmes, pourtant. ». La voix/pensée redevint sérieuse sur le dernier mot que Janet avait élégamment laissé en suspens.

« Pourquoi m’avez-vous invitée à devenir votre amie, Janet ? »

« Pour l’éternelle raison, Kass - je vous trouve sympathique. Vous me/nous trouvez comment, vous ? Cette certitude que vous aviez de n’être pas affectée par la répulsion commune à notre endroit en raison de votre couleur de peau me plait beaucoup, elle aussi - je/nous l’avouons.»

« Vous partagez souvent avec des…..avec d’autres membres de La troisième Charte…enfin…avec des non Spetz, Janet ? » - Voulut savoir la jeune femme.

« Assez peu souvent, Kassandra. Nous nous bornons d’habitude à entretenir les niveaux de relation nécessaires au boulot, à la courtoisie et à la lutte, dans le cas où il y’en a une en cours à laquelle nous estimons être mêlés. Nos rapports avec les autres humains sont….contingentés – en quelque sorte. Les vraies amitiés durables sont extrêmement rares.»

« Vous me flattez ! - Janet ? »

« Quoi ? » - Envoya la Spetz.

« Je vous trouve complètement sympathique ! »

Il se passa une chose très surprenante. Janet, en esprit, embrassa avec une tendresse de mère l’esprit, le mental, le vécu et le cœur de Kassandra. La jeune femme crut un instant qu’elle allait s’évanouir et faire un collapsus. Jamais elle n’avait entendu parler d’un truc pareil ! Elle se jura d’échanger souvent avec Janet durant les huit mois à venir.

 

 

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  • Texte de science-fiction/anticipation. Les siècles prochains l'humanité sera t'elle moins stupide que pendant ceux qui ont précédé ? Quelques parcours humains, animaux et végétaux en 700 pages.
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