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Solar Ranks
22 décembre 2009

(les Guêpes)

 

2134Mars -  Début de la traque d’Ouriage.  Terrier B. (équatorial)

 

Laboratoire d’Implantation Biotech   1ème niveau de la zone Ruche B.

 « Druidesse Verte : Aucune perte ! » - blague de la Flotte martienne

(environs de 2150).

(Rapportée par Willario Somson dans son ouvrage – mémoires d’un sale Vert -)

 

L’année s’écoula comme dans un rêve pour les colons martiens. Un rêve de travail incessant, d’efforts, de courses folles pour se rejoindre après le temps qui fuit et d’acharnement. Les moyens techniques et les outils ne manquaient pas, mais ils étaient si peu nombreux…

 Les émigrants ne perdaient pas de vue que s’ils avaient embarqué pour ce premier Rush avec tant de spécialistes militaires, ce n’était pas pour le décorum. Bien des experts qui plus tard se consacreraient à corps perdu à des tâches civiles et pacifiques, aidaient pour l’heure les Lysistratéennes à forger les armes dont Mars allait avoir besoin pour se défendre.

 « Les Lysistrates Vertes avaient construit pour commencer une dizaine de destroyers d’un tonnage de 15000 tonneaux sur le modèle malouin de la flibuste et de la guerre de course. Une quarantaine de personnes équipaient ces petites nefs, druidesses et hommes, ce fut le noyau de la Flotte Verte. Elles embarquaient six chasseurs bombardiers rapides de proximité dont le seul nom : les Guêpes, ferait bientôt reculer les Mauves ainsi que les Jupitériens furent vite qualifiés par tous. Terra suivait cette course aux armements spatiale comme un feuilleton TVid. Ce n’était pas nouveau : les terriens croient le plus souvent que les civils ne servent pas dans les guerres. Jusqu’à ce qu’elles éclatent. ».

 Extraits des - mémoires d’un sale Vert – par Willario Somson. (Bibliothèque martienne)

 

Il était temps. Dans la semaine qui suivit, l’embryon de ce qui serait plus tard le Directoire martien reçut de forts mauvaises nouvelles de l’Ouriage. La nef se voyait bloquer l’accès vers l’axe de trajectoire terrestre par 6 bâtiments de la Flotte Jovienne qui lui demandait de mettre en panne et de les laisser aborder. La Commandante et son équipage de vingt marins et spetz avaient opéré une manœuvre d’évitement de secteur. La longue poursuite était engagée.

 Avez-vous déjà essayé de voir votre propre front sans l’aide d’un miroir ?

 Sur son siège coquille fortement incliné, la druidesse verte louchait vers le haut pour regarder les mains des Biotechs s’agiter autour du diadème Vaev. De fins câbles reliés à de longues aiguilles ressemblant à celles des acupuncteurs remuaient en désordre quand les doigts et les mains des médecins ajustaient les règlages α.

 « C’est fini ? »

 « Nous avons un dernier test de cohésion à effectuer, encore un instant. »

 Une Vestale, celle de sa brigade, assistait à l’opération assise sur une chaise sur le coté. Elle avait l’habitude. L’officière Lysistrate venait s’asseoir là à chaque fois qu’elles franchissaient le sas d’entrée de cette salle en tant qu’élèves pilotes des futurs intercepteurs spatiaux. Les Vestales avaient dit – « Diadème Vaev d’accord, mais nous ne voulons pas transformer nos sœurs en Spetzs. ». Après quatre mois de simulateurs, elle et Brujilla, sa coéquipière, allaient enfin pouvoir éprouver leur habileté aux commandes de leur guêpe. Sa partenaire de vol était soumise pour l’heure aux mêmes procédures qu’elle, à dix mètres de là, entourée elle aussi d’un essaim de spécialistes. Le Colonel Mac Lyam, debout bras croisés, passa de son pas élastique du fauteuil de Brujilla au sien. Il vérifia du regard les indicateurs des parasenseurs de contrôle sur les boîtiers autour d’eux. Son front un peu dégarni s’ornait de rides fines et labiles.

 « Vous vous sentez comment, enseigne ? » - Lui demanda t’il en espagnol.

 « Ça va monsieur… J’ai hâte. »

 « La G6 n’attend plus que vous sur son pas de tir. Je monte au poste de guet. Bonne chance enseigne. »

 « C’est terminé Lieutenante. » Dit enfin la coordinatrice Biotech en l’aidant à se relever. Elle marcha un peu pour retrouver tout son équilibre, les 3 kilos de son diadème Vaev se répartissaient en arc un peu après le bord de pilosité de son front et de ses tempes. Les pilotes implantées se maintenaient rasées là, sur une largeur de 8 cm environ. Mettre et ôter ces interfaces prenait environ un quart d’heure. On en était aux dernières vérifications avant le premier vol réel. Dans une heure.

 Deux protubérances, à hauteur du rachis donnaient au cerclage une forme d’Oméga. Quand elles seraient dans le cockpit, c’est par là que la G6 leur serait reliée. Le reste du gros bijou technologique gèrerait les paramètres selon leurs indications. Et elles mêmes devraient s’habituer à ce que les décisions de l’unité Vaev qui leur enserrait l’encéphale soient parfois hors de leurs capacités de réaction.

 Elles avaient piloté des orbiteurs de ceinture terrestres pendant quinze ans, avant d’intégrer les Ailes militaires des Lysistrates. Les paramètres n’étaient pas si différents. Les systèmes d’armement embarqués remplaçaient seulement les systèmes Pexs d’injection atmosphériques, voilà tout.

 Elle et Brujilla, en command car, se rendirent au Point 2, le cosmodrome militaire du Terrier B. Leur première mission consistait à aller positionner l’intercepteur dans son berceau attitré du Destroyer « Blade Runner » qui était impatient de recevoir son premier chasseur-bombardier. Brujilla et elle resteraient ensuite 4 mois à bord, pour leurs missions de confirmation comme Pilotes Vertes de pointe. Les autres les y rejoindraient au fur et à mesure. Toutes étaient des Lysistrates.

 Sur l’aire d’envol ovale qui leur était destinée, un peu à l’écart du cosmodrome des navettes, la « guêpe » G6, première de la série après les cinq prototypes, juchée sur une fusée à poudre, offrait aux regards sa fine silhouette de fléchette. L’engin lui-même, bi-place avec la possibilité d’une troisième personne dans le cockpit et une soute de secours aux personnels de trois places dans le fuselage, mesurait vingt mètres de long sur quatre de diamètre au garrot. Les chantiers d’assemblages en sortaient en ce moment une tout les mois. Un second destroyer, jumeau du Blade Runner, le Stinky Toy, serait bientôt achevé et équipé, dans l’espace circummartien.

 La nacelle d’un lourd module élévateur les hissa jusqu’au cockpit au premier tiers avant de l’intercepteur. Brujilla l’ouvrit, les sièges étaient montés en tandem. Elles s’installèrent, assises à l’horizontale. Les sangles furent ajustées au plus près et elle commencèrent à égrener leur Check-list dès que les cornes – comme elles appelaient les Ports de connexion, furent engagées. Leurs combinaisons lourdes anti-G et le scaphandre spatial qui la recouvrait pesaient au bas mot 180 kilos.

 La Check-list terminée, elle regarda « la Bruja », sa co-pilote et adjointe et, d’une brève injonction/pensée en α-crypt, elle alluma les tuyères du booster à poudre, 40 mètres plus bas. Leurs diadèmes entrèrent en action pour gérer aussi leurs paramètres vitaux pendant la phase d’accélération. Huit minutes plus tard, elles flottaient dans le vide cosmique.

 La G6 débarrassée de son étage fusée, Brujilla s’occupa de déployer et de verrouiller les trois ailerons. La pilote vérifia que les systèmes directionnels répondaient bien. Rien qu’avec des indications en α-crypt, sans toucher à rien et sans prononcer une seule parole, elle engagea le petit vaisseau dans une séries de vrilles et de cabrioles dans l’espace circummartien. Tout semblait en ordre. La croûte ocre-rouge de leur nouveau foyer planétaire défilait pesamment au-dessous d’elles. Elle enclencha ses propulseurs et « La Bruja » prit le relais de l’orientation/alignement du taxi. En un quart d’heure, elle amena la G6 à leur destination d’aujourd’hui. Le Destroyer « Blade Runner », un bâtiment fusiforme d’une grosse centaine de mètres de long en maintien géostationnaire, avait déjà ouvert un de ses flancs. La capsule 6 avec ses lumières orangées clignotait au loin. A cinq cent mètres du destroyer, maintenu par deux flèches d’acier/carbone, le fuselage en voie de finition de son navire jumeau patientait. Le « Blade » faisait aussi office de Navire atelier, en attendant mieux. Brujilla appela le poste de commande de la nef quand la soute ne fut plus qu’à cinquante mètre d’elles :

 « Blade Runner ? »

 « Ici le Blade Runner. »

 « Il parait que vous avez besoin de Lépidoptères par chez vous ? »

 « Confirmé, enseignes. Bienvenue à bord aux deux guêpes. »

 La glissière du berceau tracteur avançait vers leur petit vaisseau. Elles se laissèrent verrouiller comme une noix dans une pince.

 Les deux druidesses échangèrent un regard complice quand la Capsule numéro 6 chassa, envoyant son goulash local : « la salsa », autour du berceau. Elle ouvrit le cockpit une fois les casques et les gantelets déclipsés. Elle et Brujilla s’extrairent d’un coup de reins. Le Commandant Ramirez, en scaph ouvert malgré la puanteur de l’air qui ne semblait pas l’incommoder, les regardait glisser en Grav 0 vers lui, debout dans la capsule, sur le praticable de maintenance. Sa bonne bouille andine d’indien les fixait avec une expression d’intense satisfaction. Une fois passée le sas « Entrée des artistes »,  La Bruja  et elle ôtèrent patiemment leurs diadèmes. La Flotte verte était née. 

 

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  • Texte de science-fiction/anticipation. Les siècles prochains l'humanité sera t'elle moins stupide que pendant ceux qui ont précédé ? Quelques parcours humains, animaux et végétaux en 700 pages.
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