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Solar Ranks
21 décembre 2009

(Trajan - présentation - engagement)

Juin 2126 – 8 jours auparavant Constanta – Roumanie, bords de la mer Noire.

 Un peu avant l’heure de la sieste, Sean sortit par les jardins de l’hôtel où il était descendu la veille au soir. Il s’engouffra dans le gros break aux vitres opaques qui attendait dans la rue adjacente et s’installa sur la banquette arrière.

« Messieurs j’ai rendez vous avec une personne de votre connaissance, je crois. » dit il benoîtement aux deux hommes assis à l’avant, un grand type et le conducteur à l’air nerveux.

« C’est prévu ne vous en faites pas. » lança le chauffeur d’une voix crâne.

« Je ne m’en fais pas.» Sean jeta un coup d’œil au type assis devant lui. Lunettes d’amplification, scanner : un watcher doublé d’un homme de main, apparemment.

 « Dites donc c’est pas de la camelote vos implants de surface. » lui dit-il.

 Le géant ne broncha pas. Il consultait ses résultats, apparemment.

 « Vous non plus c’est pas précisément de la camelote. »

 « Bah vous savez ce que c’est. Pour gérer autant de bécanes la haut »

 L’homme eu un fin sourire.

 « J’ai sans doute l’air d’un videur un peu épais, monsieur l’inconnu dont je ne veux pas savoir le nom, mais je ne parlais pas de ces interfaces là. Ce que vous supposez n’être que mon scan voit plus loin et mieux que ça »

 « Trajan ! Laisse le client tranquille s’te plait ! Excusez le monsieur, c’est un fouineur. » Claironna le chauffeur en démarrant.

 Sean sur sa banquette arrière se rapprocha d’eux.

 « Peut-être est ce une déformation purement professionnelle ? Qu’en pensez vous ? » Glissa-t’il.

 « Traj Bordel de dieu ! Pourquoi tu fermes jamais ton claquoir ? »

 « Trop tard ! Monsieur aurait eu un doute sur les résultats de mon inspection quoique je dise. N’est-ce pas cher client ? » Le géant remua sur son siège.

 Sean eu un rire sarcastique sans joie.

 « C’est exact.»

 « Alors ? » demanda le grand type en passant une main dans ses boucles châtain clair.

 « Alors – Dit Sean - je m’explique mal pourquoi notre, euh… ami commun. Votre Patron j’imagine, me fait convoyer par un watcher. Mais sûrement il doit avoir une raison. »

 « Ah je vois que vous n’êtes pas au courant ! » Dit le dénommé Trajan.

 « Eh bien renseignez moi dans ce cas s’il vous plait » Demanda Sean.

 « Notre patron est tombé raide flippé depuis trois semaines. »

 « Et ça nous fout assez à cran du reste ! » Ajouta l’homme qui conduisait.

 « Ah…et il y’a une cause à cette brusque inquiétude ?».

 « Mort de rire !!! T’entends ça Michal ? Une brusque inquiétude ! Vous connaissez Monsieur Xu cher client ? »

 « Au risque de vous surprendre, oui. »

 « Alors vous savez que pour altérer l’humeur du patron plus de 48 heures d’affilée, il faut une sacrée brassée de mauvaises nouvelles. »

 Sean se repoussa sur la banquette et baissa légèrement la vitre arrière.

 « Il est comme nous tous, ça dépend en grande partie d’où et par qui transitent les nouvelles. Non ? »

 « C’est bien pour ça que je vous ai signalé que j’avais repéré votre attirail – silence – Bon on fait comment maintenant ? »

 « Vous me déposez en stand-by dans le break avec l’un de vous, l’autre va à la pêche et au rapport. Ensuite on avisera.» Dit Sean.

 « Autre solution… » Commença Michal derrière son volant.

 « Expliquez lui Trajan je vous prie ». Le voyageur commençait à fatiguer.

 Trajan se tourna vers son acolyte, releva brièvement ses lunettes et déclara posément :

« Monsieur notre client inconnu a un déliteur, Michal.»

 « Un…un déliteur ? Bordel Trajan ! Pardonnez-moi sir, ça n’a rien de personnel… mais … comment as-tu pu laisser s’approcher, entrer dans la bagnole un gars avec un déliteur ???! »

 « No panicos Michal – se défendit le watcheur -  le déliteur de monsieur est implanté j’ai pas pu le voir avant qu’il soit assis. »

 Le conducteur faisait vraiment peine à voir. Son teint avait viré verdâtre.

 « Voyez monsieur, il y’a une heure c’est lui qui me rassurait à propos de cette course sans histoires.. » blagua Trajan en lançant un clin d’œil appuyé à Sean.

 « Ca te fait peut-être marrer vu que toi t’es pas concerné. Mais je te signale qu’il pourrait très bien m’obliger à te sauter à la gorge. Et toi, tu ferais quoi gros malin ? » Grogna Michal.

 « Je te buterais »

 « Sans rire ? T’as déjà vu un type qui bouge sous l’effet d’un déliteur ? »

 « Ouais et ailleurs qu’à la TVid. Contrairement à toi. »

 « Stop ! On se calme. Mon déliteur est sage, il n’obéit qu’à moi et je n’ai pas prévu de m’en servir. » Intervint Sean.

 Le chauffeur inspira à fond. « Et si vous l’utilisez sur le patron, on devient quoi nous ? »

 Sean commençait à en avoir sérieusement assez de leur cirque. Il décida de se concentrer sur le watcher puisque celui ci semblait au moins capable de lâcher prise.

 « Vous prenez de l’ophtrans pour inhiber les effets d’ondes psy ? » Demanda t’il.

 Le gars reprit à la volée en secouant son crâne massif.

 « Non ! Comme vous le savez sans doute c’est trop lourd. Y’a d’autres molécules maintenant, comme l’Ibtrans… Les effets secondaires sont plus faciles à gérer. »

 « Mais ça cogne quand même non ? » Lança le Major rank spatial.

 « Ouais. Malgré cela, comme je l’ai dit, celui qui a vu les effets d’un déliteur dans la vie réelle est violemment incité à éviter que ça lui arrive à lui ! Je m’arrange pour utiliser que dans le cadre de mon boulot » 

« C’était pendant les évènements du Donetsk que vous avez assisté à l’emploi ?»

 Le dénommé Trajan eut une grimace pleine d’amertume.

 « Bingo » 

« Bon…mais puisque vous êtes dans le bain maintenant. Vous avez su qu’on a eu leur peau par la suite, non ? » Répliqua Sean. Le géant se tortilla sur son siège :

 « C’est ce qui se dit, Sir… » - Répondit-il -  « Mais des trucs pareils franchement : c’est à vous dégoûter définitivement de l’amélio et de ceux qui les inventent. »

 « Nous n’avons pas inventé le déliteur – rétorqua Sean, piqué au vif -  Même s’il est sur que nos recherches ont permis à d’autres de le concevoir ! »

 La voiture roulait à présent à travers une steppe rase plombée de soleil. Laissant le delta du Danube loin derrière eux, après une demi-heure de trajet sur voie rapide. Sean reprit la parole.

 « Vous savez, Trajan, ce n’est pas vraiment un déliteur que j’ai.» – Dit t’il, en élevant  la voix pour que Michal puisse entendre - .« L’effet de mon dispositif n’est pas le même. Son but non plus.» Conclut-il.

 Le « déliteur » était un produit dérivé des recherches sur la suggestion mentale. Concocté et produit dans des labos clandestins par des filières démantelées par les Impalpables depuis.

 Une fois focalisé sur un sujet doté d’implants cérébraux profonds l’appareil permettait de diriger les pulsions de la cible pendant environ trente minutes en se maintenant à une distance de 15 à 20 mètres. Pour ceux qui ont déjà eu maille à partir avec un molosse d’attaque, imaginez que le molosse est un être humain capable d’utiliser tout son environnement pour obéir à un ordre simple, du genre : « Attaque ! » ou « tue ! », qu’il n’a aucune peur et qu’il bouge près de deux fois plus vite qu’un être humain normal. Au delà de ce délai, mieux valait s’éloigner du sujet ou l’achever sans attendre, car le processus n’était pas réversible. Le psychisme de la victime implosait avec le réseau neuronal et la victime était perdue sans aucune possibilité de retour.

 Il restait quelques déliteurs qui n’avaient pas été retrouvés et certains clans maffieux particulièrement tordus essayaient occasionnellement de les utiliser. Il était classifié comme arme de catégorie 7 dite anti-humaine et s’en servir ou même en parler, sans parler d’en détenir était devenu une entreprise assez bouillante. Les dispositifs de suggestion forcée par ondes α/psy ne jouissaient nulle part d’une presse élogieuse.

 Au bout d’une heure de route supplémentaire vers l’est, le break approcha d’un gros hameau établi sur quelques monticules rocheux, à peine des buttes, comme une oasis au milieu de l’étendue plate. Marronniers, noyers, tilleuls et acacias avec de beaux bâtiments bas en pierre sèches.

 Pendant que Michal se garait sur les bords d’une placette ombragée, Trajan sortit une arme de poing à la crosse ouvragée et l’agita comme une duègne aurait tripoté son éventail. Michal sortit et fila vers une bâtisse à deux étages devant laquelle trois hommes assis autour d’un établi réparaient une carriole en fumant et en devisant placidement.

 « Je vais ranger mon outil dans son étui, cher inconnu » décréta Trajan d’un air définitif dès que le chauffeur fut entré dans la villa - « Soit tout ça est trop sérieux et je n’y pourrais rien, soit… nous prendrons cinq minutes pour respirer librement à présent que ce pétochard de Michal n’est plus là »  

 « Votre collègue n’est il pas tout bonnement prudent ? » S’enquit le Rank 2.

 « Vous êtes un Rank spatial Sir… et malgré certaines bizarreries et irrégularités que je décèle chez vous, je ne crois pas qu’un chef cow-boy de là haut puisse venir gaspiller son précieux temps pour péter les couilles à d’humbles gangsters russophones… d’ailleurs pas si méchants. »

 « Ah bon ! Vous avez laissé tomber l’extorsion et la menace ? » Les sourcils roux de Sean vibrèrent fugacement.

 « Vous me comprenez parfaitement je crois, monsieur ! » – Dit Trajan d’un ton ferme – « Avec Xu, pas de kidnappings médiévaux, pas de gamins bousillés, pas de traite d’êtres humains, juste un peu de parasitage et des activités extralégales disons…modérées. Je peux même me payer le luxe d’imaginer que je pourrais le quitter si ça changeait. »

 Sean sourit en le regardant de biais.

 « Que demander de plus en effet ? »

 Un petit homme replet à la moustache grise drue et vibrante, aux yeux rieurs et d’allure enjouée vint vers eux. Son physique à la Dersou Ouzala était célèbre partout où il passait.

 « Venez cher ami, venez ! Je suis si content de voir que mes mauvaises manières n’ont pas suffit à assombrir votre venue. »

 Xu en faisait toujours des tonnes, se dit le pilote nouveau zélandais. Ou bien rien n’était feint ? Tous les Rank 1 que Sean croisait depuis un moment lui semblaient pareils à des monades/nomades vaguement tentés par un retour à une enfance un peu irréelle, pleine de frasques et de théâtre. Xu, chinois d’origine Hakka, dirigeait un petit clan de la pègre ici, et était le chef du Motif pour la région Asie. Cette infiltration permettait aussi à la Charte de garder plus qu’un œil sur les activités clandestines, du delta du Danube jusqu’au Kirghizstan.

 « Oui. Vous avez raison ! » Tintinnabula le vieux Xu en entraînant Sean à l’intérieur. « Nous sommes de drôles d’oiseaux… et nous abordons à peine notre pleine maturité. N’est-ce pas une petite honte pour des centenaires ? Mais venez au premier étage cher ami, nous y serons tout à fait tranquilles pour discuter.»

 Ils montèrent et s’installèrent dans une vaste chambre de maître au sol carrelé de tomette ocre recouverte par des tapis élimés mais splendides. Sean ôta respectueusement ses mocassins et s’approcha de son hôte qui refermait la porte. Le vieil homme tapota ensuite une brève séquence sur un bracelet magnétique à son bras gauche, vérifia une ou deux données sur le boîtier encastré à côté du chambranle.

 « Bien, nous voilà chez nous, en toute quiétude si l’on peut dire. » Dit-il en  chinois.

 « Je reste debout Xu, si vous permettez, pour le moment »  

 « J’ai tout mon temps et vous avez toute mon attention, Mac Lyam. Mais moi je vais m’asseoir.» Fit le vieux. Sean se mit à arpenter lentement la pièce en marchant sur les tapis.

 « Tout d’abord… » –Dit-il -  « Y a-t-il une réalité tangible de laquelle je devrais être averti derrière l’inquiétude dont, aux dires de vos convoyeurs, vous seriez affligé ? »

 « Je me suis permis de vous intégrer à un schéma général concernant mon exfiltration, c’est tout. »

 Sean resta en appui sur une jambe en s’arrêtant dans son mouvement.

 « Cela ne remet pas en question votre position au sein des instances… ? »

« Au contraire ! Je rejoins le quartier général Asie du sud-est. Akhmatova vient de mourir et je la remplace. Mon rôle de surveillant de la zone centrasiatique ouest en ces lieux prend fin. That’s life ! Dommage pour certains de mes affidés ici, ce ne sont pas tous de sombres brutes..»

 Sean Mac Lyam, s’arracha aux tapis et alla finalement s’asseoir sur un fauteuil.

 « Ah… Je comprends mieux pourquoi Trajan m’a fait des propositions. »

 « Il se doute de quelque chose vous croyez ? »

 « Ben, il m’a quasiment fait une offre de service. »

 « On ne peut pas mener en bateau des intuitifs comme lui. »

 « J’aurais peut-être besoin d’un ailier dans les mois à venir, Général…  J’ai cru comprendre que la perspective de devoir aller émarger chez la concurrence locale l’ennuyait »

 « Ça parait raisonnable, Trajan n’a plus d’avenir ici comme watcher…trop vieux, trop pointu. » dit le chinois fermement.

 « Si vous m’y autorisez je lui parlerai »

 « Bien volontiers ». Dit Xu – « Et maintenant, cher Grand Cœur, de quoi avez-vous besoin ? »

 « Que vous contactiez une de vos ancienne collègue : Shaarka. »

 « Shaarka Mukherjee ? »

 « Oui »

 « Difficile sans éveiller des soupçons ça…ça prendra quelques jours de délai. »

 « Hmmm...Bien sûr.- Sean posa deux doigts sur ses lèvres, il reprit - J’ai une jeune camarade que nous voudrions infiltrer dans les milieux Intégrationnistes »

 « À son insu, I presume ? » fit Xu en grimaçant.

 « Dans un premier temps oui. Enfin, ce n’est pas encore très clair. »

 Xu soupira, se releva, alla fermer les volets et revint en pianotant sur son pack-bracelet.

 Un Holo 3D de la terre et de son environnement spatial avec positionnement des principales stations relais, stations fixes et satellites apparut au milieu de la pièce, il s’approcha et d’un geste de la main très élégant il zooma vers le point exact du globe où ils se trouvaient tous deux.

 « Et maintenant montrez moi en gros et surtout en détails comment vous imaginez votre affaire, s’il vous plait. Si je n’ai pas d’arguments précis à fournir à Miss Mukherjee il est inutile que je la contacte n’est ce pas ? »

 Sean avança et bascula l’hologramme. Il remplaça l’image de la terre par celle de la lune. Xu le regardait d’un air pénétré, nullement surpris.

 « C’est parce que les réponses se trouvent probablement dans cette zone que je commence par la Lune et sa périphérie. Toutefois, il est bien évident que nous n’allons pas foncer là-bas tête baissée au risque de griller toutes nos cartouches. »

 Après une heure de briefing et de nombreuses questions/réponses, Xu fit claquer sa langue sur son palais.

 « Parfait. Je vais aller proposer à Trajan d’écouter ce que vous avez à lui dire et ensuite j’appellerai pour trouver notre amie qui doit encore se trouver quelque part en Malaisie. »

Stratoport de New Constanta – restaurant panoramique. Le même jour, en soirée.

 D’immenses ballons stratosphériques amarrés sur le tarmac projetaient leurs ombres sur les baies vitrées. D’autres redescendaient de la stratostation, tels de gigantesques ascenseurs.

 « J’accepte votre proposition si vous pouvez m’en dire un petit peu plus sur votre implant d’Alien. » dit Trajan à Sean tout en touillant son café turc.

 « Votre pote avait raison, la curiosité n’est pas qu’un boulot chez vous, c’est une seconde nature.. » remarqua Sean, amusé.

 « Michal n’est pas mon pote, c’est un petit couillon. D’ailleurs actuellement je n’ai pas de pote. Au lieu de ça j’ai un possible futur patron, et j’attends une réponse. »

 « Vous vous contentez d’utiliser les applications des ondes Alphas ou vous y comprenez un peu quoique ce soit d’utile à une démonstration théorique ? »

 Trajan se balança sur sa chaise et plissa les yeux.

 « Je vous promets de ne pas me mettre à pleurer si je me sens perdu. »

 « Vous allez voir c’est assez intéressant. »

 Sean claqua des doigts pour appeler le serveur.

 « Pourrions-nous payer s’il vous plait ? » Dit-il.

 Le garçon s’approcha d’eux et avec un air maussade annonça : « Ça fera 17 messieurs ».

 « Okay, mais nous préférerions nous en aller sans payer. » répondit Sean.

 « Ça fera 17 messieurs » répéta le serveur.

 « Mon ami voudrais aller uriner sur le comptoir, vous n’y voyez pas d’inconvénient ? » dit Sean.

 « Ça fera 17 messieurs »- Le garçon de salle semblait bloqué comme un automate. Sean se leva et se rapprocha de lui calmement, sans hausser le ton.

 « Fort bien ! » dit-il –« Je vais m’approcher de vous et vous arracher les oreilles. D’abord la droite et puis ensuite la gauche. »

 « Ça fera 17 messieurs » Répéta le garçon.

 « Avec les dents.» jura Sean d’un air féroce.

 « Ça fera 17 messieurs »

 Trajan ouvrait des yeux ronds, après un geste bref à ses lunettes, il applaudit des deux mains en s’esclaffant.

 « Donnons lui ses misérables couronnes, et libérez le. J’ai besoin d’une pause. »

 Sean se rassit, déposa un billet de 20 sur la table. L’homme se retourna l’air surpris, les ramassa et lui rendit la monnaie. Quand il fut reparti, Trajan demanda.

 « Ce type n’a pas d’implants profonds. Comment avez-vous fait ? »

 « Pas besoin. La résonance ne s’exerce pas via les Implants. C’est un champ alpha indépendant. J’ai joué sur sa persistance rétinienne et sa zone mémorielle, mais d’autres combinaisons plus…élaborées sont possibles.»

 Trajan siffla - « Balèze. On peut le bloquer grâce à des molécules inhibitrices votre engin ? »

 « On m’assuré que non, les tests pratiqués n’ont pas démontré une telle éventualité avec les molécules connues. »

 « Donc, je peux jeter mon Ibtrans ? » 

 « N’en faites rien, si vous voulez qu’on travaille ensemble. J’ai besoin d’un ailier en acier de trois pouces. » 

 « Hmm. Mais, dites moi, si votre truc fonctionne sans s’appuyer sur des implants comment pouvez vous cibler la victime ? »

 « Grâce à l’étendue du champs, à son amplitude. » Sean attendit la suite.

 « Vous voulez dire que vous pouvez altérer une zone entière ? »

 « Oui »

 « Donc plusieurs personnes peuvent être affectées en même temps ? »

 « C’est le cas. »

 « J’ai du mal à vous croire. » Lança le watcheur roumain.

 « Observez bien alors, et surtout écoutez attentivement, je ne vais utiliser que la combinaison de tout à l’heure. » Dit Sean en fermant les yeux.

 Dans tous toute la salle du restaurant où ils étaient, on entendit comme un bruit sans son. Les conversations reprirent exactement au moment où les convives et le personnel les avaient laissées 4 secondes auparavant. Puisque les paroles  reprenaient sur des syllabes parfois tranchées en plein vol, cela fit comme une détonation sonore. Suivies du bruit de trois ou quatre verres brisés qui, ensemble avaient échappés à leurs propriétaires, propriétaires qui se récrièrent et se confondirent en excuses. »

 Trajan se tenait au bord de la table à deux mains, l’air interdit, la mâchoire ballante

 « Par Saint-Georges, ça fiche un sacré bordel votre truc ! » Marmonna t-il.

 « En dehors de quelques verres cassés ils ne sont aperçus de rien et ne se souviendront pas d’autre chose que de les avoir inexplicablement lâchés. »

 Quelques clients vérifiaient en questionnant leurs voisins s’il y’avait eu un bruit extérieur violent ou une secousse quelconque sur le stratoport. Mais tout le monde assura qu’aucun évènement de ce genre n’avait eu lieu. L’ascenseur géant sur le tarmac continuait son manège sans heurts, imperturbable. Trajan questionna un peu plus avant Sean.

 « Combien de temps pouvez vous suspendre le « timing » d’une foule de cette façon ? »

 « Pas très longtemps. » - Répondit librement Sean.- « Car il faut entrer dans un cycle de répétitions successives et au bout de sept ou huit, le cerveau des cibles réajuste… et la situation devient alors très, très, très pleine de confusion »

 « Pratique pour vider les poches en toute discrétion. » dit Trajan –« Et pourquoi suis-je épargné ? »

 « J’ai étalonné un de vos implant au préalable. Il active en mode neutre donc voilà… »

 « Hmm, air connu…Et si vous laissiez un émetteur de champ de ce genre poussé au maximum dans un lieu passant ? »

 Sean haussa les sourcils. Le grand type, avec ses questions impertinentes, lui semblait de plus en plus pouvoir convenir à ses desseins.

 « Vous le feriez, vous ?! » Demanda t’il.

 « J’ai toujours eu un penchant pour les blagues scabreuses » Dit l’autre, en se renfrognant un peu.

 « Eh bien… » Dit sean – « …Je crois que, après un court paroxysme de désordres collectifs involontaires et sûrement grotesques, les autorités du stratoport, alertées, déduiraient qu’il s’agit d’un champ psy. Ils chercheraient l’émetteur pour l’analyser. Avec des robots si nécessaire. »

 « C’est une blague qui ne marcherait qu’une fois en somme… »

 « Oui et non »

 « Pourquoi ? »

 « Parce que, cher Trajan, ces dispositifs ne sont pas prévus pour être capturés. Il s’autodétruirait »

 « Aha…Celui que vous avez implanté aussi ?.. »

 « Il y’a une différence entre en dire un petit peu plus, et tout dire. »

 Le grand watcheur  se marra et se remit à se balancer sur sa chaise. Il jeta un œil de coté sur le Tarmac et rapprocha son siège en regardant le Rank spatial :

 « D’accord. Mon rôle consistera en quoi ? Dans les temps à venir.»

 « D’ici à quelques mois, je ferai équipe avec une jeune personne très douée et nous nous déplacerons très vite. La zone couverte est la Terre et espace Lune. Vous êtes aussi discret que vous pouvez, vous restez aux aguets, vous la protégez, si possible sans vous trahir et vous me rendez compte périodiquement. »

 « Elle est au parfum ? »

 « Pas dans l’immédiat. »

 Trajan opina.

 «Bon, c’est vous le patron…  J’opère à quel titre ? »

 « Vous aurez les papiers d’un observateur technique officiel. Et… Trajan, vous travaillez sous mes ordres mais votre employeur est un groupement Rank… euh…discret. Si je devais être mis hors jeu vous seriez contacté. Enregistré ?! »

 « Gravé. »

 « À propos, vous êtes appareillé pour la Gravité zéro ? »

 « On est à l’Astroport, je parie que vous allez remédier à ce léger détail ! » dit Trajan avec un air gourmand

 Vers 2O75, les Amélios, les Ranks 1 et 2, auxquels il faut ajouter pour être tout à fait juste les centaines de milliers d’Amélios Sauvages qui, bien sûr, se multipliaient, représenteront une fraction appréciable de la population mondiale. Le recensement du PNUD de 2075 dans ses conclusions aux annexes démographiques, affirme que 4 % à 5% des humains environ vivaient à cette date plus d’un siècle dans des conditions d’adultes en pleine possession de leurs moyens. (Sauf naturellement en cas d’accident, maladie incurable, suicide, mort violente,  etc.).

 - (Petit point sur le Vaev.) - Romuald Gotes – dit « Romuald de Samostate » écrivait en 2095 : 

 « Le jour où les unités centrales des ordinateurs individuels ont eu assez de puissance et d’esprit pour procéder elles-mêmes de manière automatique et cybernétiquement correcte au cryptage et au décryptage de signaux complexes, mon grand père Bill dit à nos associés : « La messe est dite ! ». Nous avons ensuite travaillé à faire émerger une nouvelle Toile Mondiale en nous appuyant sur le système Vaev (For : Virtual assistance électronique au Voile), que l’armée des états de ce qui allait devenir le Northamérica venait de lancer. La lutte pour son contrôle entre autorités politiques et Trusts allait durer jusqu’à l’édification des premières missions vers Jupiter et sa région. A leur retour, mon père, annonça lors du sommet de Ryad que : « Lorsque les carottes sont cuites, il ne reste plus qu’à manger les carottes. ». Je crois, quant à moi, que le Vaev était la seule solution raisonnable pour éviter la chute de la maison Gotes. Donc, de gros ennuis pour pas mal de gens.»

 (Extrait de – « La Saga Gotes, une histoire qui vous rendra gaga. »)

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  • Texte de science-fiction/anticipation. Les siècles prochains l'humanité sera t'elle moins stupide que pendant ceux qui ont précédé ? Quelques parcours humains, animaux et végétaux en 700 pages.
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